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Bad Boys
9 août 2006

Chapitre 12 : De glace devant l’abandon

Brad se leva à l’aube, avec l’impression d’être encore plus déprimé qu’avant sa nuit pénible. Les traits de son visage étaient déformés par l’épuisement, par la douleur… non, il n’était vraiment pas très beau à regarder. Un profond malaise le saisit lorsque qu’il se rappela des événements de la veille qui le rongeait physiquement avant de se remettre à larmoyer. Falbo ouvrit les yeux, réveillé par ses pleurs, et vint le serrer, toujours dans son rôle de l’amoureux. Le blond, semblant attentionné, essuya ses larmes qui coulaient sur les joues du jeune garçon, lui déposa un baiser sur la joue. Il le repoussa pour aller s’habiller et Falbo, plus blessé dans son orgueil qu’autre chose, le dévisagea :

« C’est ça ! Soit méchant avec ton chum ! Euh… Qu’est-ce que tu fais ? »

Brad mit un gilet de laine, sa veste en rétorquant :

« J’vais récupérer mes choses chez Flavien. »

Falbo, alors, se leva et lui bloqua la sortie. Il savait que, si Brad allait voir Flavien, son protégé risquerait de ne jamais revenir pour rester chez Bouchard.

« Pas question que tu ailles chez lui, Brad. Ça risque de te faire mal plus qu’autre chose. J’vais te les racheter, moi tes trucs, t’inquiète pas. »

Brad le tassa pour avoir le chemin libre. Falbo se résigna et sortit à son tour pour lui dire :

« Tu peux partir sauf que tu dois être revenu dans 20 minutes sinon je vais venir te chercher. J’veux pas te perdre, j’t’aime tant. »

Brad avait un air désespéré, endormit par son manque de sommeil. Il demanda, faiblement :

« J’peux en ravoir… de ce que tu m’as donné hier ? J’ai besoin… de courage… »

Falbo lui fit un grand sourire, fier que sa stratégie pour rendre Brad dépendant à lui fonctionne comme il l’avait prévu. Il en sortit un sachet de poudre et confirma :

« Tiens. J’te le fais à moitié prix, donc 35$. »

Brad fouilla dans son porte-monnaie pour lui donner quelques billets, ensuite pouvoir consommer ce remède qui l’aiderait certainement. La tête tournant un peu, il prit la bicyclette de Charles, en route vers chez Flavien.

Il arriva quelques minutes plus tard et monta les marches qui le séparaient du petit appartement, haletant. Il manqua tomber plusieurs fois, son jugement affaibli par l’héroïne, puis il parvenait au palier. Il cogna dans la porte et Flavien alla ouvrir. Il affichait un air impassible, cette froideur gela le sang de Brad. L’homme donna son sac à l’adolescent, presque en le lançant, rudement. Comme s’il ne voulait pas du tout l’effleurer.

« Ton sac. J’ai remis ta carte d’assurance maladie dedans, gamin. »

Flavien appuya sur le dernier, plein de ressentiment caché dans sa voix glaciale. Brad n’avait qu’une seule envie, celle de sauter dans les bras de Flavien et de rester éternellement avec lui, mais il savait qu’il ne pourrait jamais la suivre. Il se mit à trembler légèrement, essayant de garder son calme du mieux qu’il pouvait.

« Merci beaucoup. »

« Tu m’as menti sur toute la ligne ! Tu n’as même pas 18 ans mais 15… Petit pervers manipulateur qui s’est servis de moi ! »

Brad voulut répliquer que ce n’était pas vrai mais sa voix le quitta. Il se rappela pourquoi il avait menti et expliqua, d’une voix piteuse.

« J’avais peur… que tu ne veuilles pas de moi… si j’te disais la vérité… »

Flavien garda son air impassible, ne le croyant pas. Quelques secondes plus tard, Flavien tenait la porte avec sa main et dit :

« J’crois qu’on n’a plus rien à se dire. Rien du tout. Bye. »

Brad sentit les larmes lui monter aux yeux, son cœur remplit de désarroi, il murmura un « Bye » aussi en regardant la porte se refermer. Sa raison l’abandonnant, il eut un relent de courage et arrêta la porte. Il avoua, avec l’énergie du désespoir :

« J’me sens tellement pas bien. »

Flavien le dévisagea alors en haussant les épaules. Alors qu’il était sur le point de se retourner, Brad dit, la voix tremblante de sincérité :

« C’est toi que j’aime… J’te le jure! »

Flavien n’avait même pas l’impression de sa sincérité, gardant son regard et son air de marbre et répondit très sèchement, avant de fermer la porte pour de bon :

« Je n’en suis plus sur. »

Brad s’effondra en larmes, à genoux par terre. Il attendit de longues minutes à attendre, toujours en pleurant, devant la porte. À la fixer, qu’elle puisse se rouvrit. Il espérait de tout son cœur que Flavien changerait d’idée, qu’il le laisserait rentrer à nouveau dans sa vie. Mais, il en fut tout autre. Chaque seconde semblait une éternité pour l’adolescent, un supplice immense, pire que tout ce qu’il avait pu vivre jusqu’à maintenant. Après vingt minutes, vingt minutes au ralentit, la porte était toujours resté immobile. Falbo se pointa alors dans le hall et vint relever Brad par les épaules.

« Brad ? Tu vas bien ? »

Brad ramassa son sac et se débattit dans les bras de Falbo. Il était prêt à passer des années complètes à rester devant la porte à se ridiculiser s’il le fallait mais il n’avait plus envie de partir avec Falbo, renouer avec la rue. Gotta serrait fortement Brad contre lui pour éviter qu’il ne s’enfuît. Brad demanda, suppliant :

« Falbo… dis-moi qu’il va m’ouvrir, qu’il ne va pas m’abandonner ! »

« J’y conterais pas. Il est assez salaud pour ne pas le faire et te laisser souffrir ici. Il doit s’être recouché, comme si de rien était. »

Brad se débattit encore plus et criait presque son désespoir.

« NON ! J’SUIS SUR QUE NON !!! IL A PROMIS DE JAMAIS M’ABANDONNER !!!! C’est impossible… »

Falbo finit par le tranquilliser, lui démontrant un peu d’affection. Brad pleurait à chaudes larmes dans les bras de Falbo, ce dernier poursuivit :

« C’est pour ça que je ne voulais pas que tu restes trop longtemps… J’voulais pas qu’il te blesse autant… »

« Il ne m’aimait donc pas ? »

« Non… Laisse-le tomber, il n’en vaut pas la peine.»

Les deux gars partirent donc du bloc, retournant à leur maison. Flavien avait entendu toute la scène et pleurait aussi, se maudissant de ne pas avoir eu la volonté de lui ouvrir, de tout lui pardonner. Dehors, une tempête se leva ou la visibilité était presque nulle.

Après une bonne demi-heure à tenter de se repérer dans le blizzard, les deux gars furent au trou. Falbo dut quitter tout de suite pour aller retrouver un client. Charles, qui était non-loin, vint trouver Brad et le serra dans ses bras pour prendre la relève pour le consoler.

« J’ai tenté de le prévenir mais Flavien ne voulait rien entendre… Ça n’aurait pas dû se passer comme ça… »

Brad releva la tête, voyant Charles. Il eut quelques souvenirs vagues de lui, sans se rappeler de son nom. Il se noya à nouveau dans les larmes et les remords. Charles essayait de faire de son mieux pour le pauvre petit corps tremblant mais n’y parvenait pas. Celui-ci poussa, d’une délicate voix :

« Dis… C’est pas vrai… que Falbo est mon chum… non ? »

Charles baissa la tête, avouant :

« Non… c’était parce qu’il voulait que tu reviennes. »

Brad se sentit encore plus désemparé. Il expliqua, la voix détruite par ses sanglots :

« Et Flavien… ne voulait pas me reprendre… »

Charles, compatissant, suggéra :

« Écoute, s’il t’a dit ça c’est peut-être parce qu’il t’aimait pas tant que ça et ne voulait pas te blesser davantage. Il vaut surement pas que tu pleures pour lui. Il ne doit même pas le faire pour toi. »

Brad bût ses paroles avec un goût amer et se relâcha de l’étreinte de l’autre homme. L’héro lui donnait l’impression d’être dans un mauvais rêve. De tout son cœur, il espérait qu’il se réveillerait plus joyeux. Un espèce de grand bad trip.

Le soir, Brad alla danser comme avant dans le bar. Encore une fois, un groupe de Spitfire corporation, sans Jerry cette fois, était à une table, riant. Ils invitèrent Brad à se dénuder devant eux, celui-ci, dans un état second, accepta sans les reconnaître. Il entendit des tas de commentaires comme : « wah… il a le corps de son père ». Brad ne comprenait rien, ne reconnaissant même pas les gens. Il ne faisait rien d’autre que faire son travail avec professionnalisme. Et puis, on lui dit, en riant : « il se remet vite de son attaque, le petit Brad ! Dire qu’il faisait pitié quand on l’a agressé ! ». Il fallut 20 secondes alors pour que Brad quitte leur table, venant de comprendre que c’était les collègues de son père qui l’avait attaqué l’autre soir. Brad les regardaient tous, questionna, troublé :

« Pourquoi, moi... pourquoi m'avez-vous fait ça ?... J'vous ai rien fait !»

Le plus imposant des hommes sourit sadiquement, expliquant :

« Ton père voulait qu'on te donne la raclée du siècle pour s'assurer que tu te la fermes au sujet de ses visites ici ! »

Brad, estomaqué, appela le doorman qui les sortit immédiatement, à sa demande.

Le jeune garçon se recoucha, ce soir-là, épuisé mais toujours incapable de fermer l’œil. En regardant sa liste de client du lendemain, il sut que Charlo allait devoir beaucoup travailler. Les larmes lui revinrent une autre fois aux yeux et la culpabilité le rongea toujours autant.

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