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Bad Boys
9 août 2006

Chapitre 14 : Le plus mal pris n’est jamais celui qu’on pense

Note : La narration du récit passe du passé au présent. Car ça donne un effet tout autre de supense qui fitte très bien avec l’action.

La ville était secouée par une vague de flocons. Partout autour, les gens marchaient en couple, collés pour se réchauffer durant cette froide soirée, et semblaient très heureux. Brad, lui, n’avait pas bougé d’un centimètre, ne l’était pas du tout. Il avait commencé à grelotter de tout son corps, ses lèvres étaient devenues bleues et son teint devenait encore plus pâle. Mais toujours personne n’avait réussit à le remarquer dans sa tristesse. Au moins cent personnes, sans exagérément, étaient entrées ou sorties de l’immense magasin à grande surface mais aucune n’avait pris la peine de s’être arrêté devant lui.

22 heures sonnait, la fermeture approchait et le froid glacial devenait de plus en plus insupportable pour son corps engourdi. Les derniers clients partaient vers leur maison au chaud, passer du bon temps avec leurs proches. Mais Brad restait toujours là. Une dame finit enfin par s’arrêter. Ce dernier était dans un état semi conscient et s’en rendit compte que lorsque la femme vint lui donner une boisson chaude pour le réveiller un peu. Brad, avec les yeux pleins d’eau, se demanda pourquoi on le prenait ainsi par pitié, lui qui était si misérable. Il but tout son verre pour ne pas décevoir la madame de se soucier de sa pitoyable personne. Celle-ci qui lui dit :

« Vous ne devriez pas rester assis comme ça avec toute cette neige. Vous allez geler et ça va vous ruiner la santé. »

« Je n’étais pas assis, Rétorqua Brad. J’étais couché ! »

« C’est la même chose … »

« De toutes façons, même si je gèlerais, ça ne dérangerait personne. Ça fait rien. »

« Ne dites pas ça, Demanda la femme avec compassion. »

« Que je le dise ou non, ça change rien au fait que j’ai raison… »

Il y eut un malaise entre les deux après ces paroles tranchantes. La dame finit par proposer :

« Écoutez, je fais toujours trop de bouffe à Noël, pourquoi ne viendrez-vous pas passer les fêtes avec ma famille et moi ? Ça vous ferait oublier vos soucis un moment …»

Brad, étonné, resta bouche bée durant quelques secondes. Cependant, la peur d’être de trop, de se faire traiter que par de la pitié le rebuta. Il déclina l’offre et sans que l’étrangère ne lâche prise, insistante. Tant que Brad n’eut pas le choix d’accepter. Alors, il se leva et l’inconnue le conduit à sa voiture. Brad la remercia gentiment pour tout le trouble que ça allait lui pouvoir lui causer. Après avoir posé les sacs sur la banquette arrière, elle lui débarra la portière passagère. Ils s’assirent dans l’auto et, en quelques instants, furent sortis du stationnement. L’adolescent, durant le voyage, ferma les yeux sous la chaleur du radiateur, la voix rassurante de son hôtesse et la musique calme à la radio qui lui faisait retrouver un certain contact avec la réalité. La dame sourit en remarquant que son invité en bien meilleur état que tantôt. Brad se reposa quelques minutes avant que la voiture se stationna devant un bloc d’appartement. Et lorsque le pauvre Spitfire ouvrit les yeux, il paralysa…

« C’est … c’est … c’est …, Tenta-t-il de commencer mais la dame finit par l’aider. »

« Oui, c’est ici qu’il habite aussi. J’vous ai entendu votre interlocution dans les rayons et c’est pour ça que j’ai hésité à vous prendre avec moi. Ne vous inquiétez pas, même si son logement est en face du mien, on le voit pratiquement jamais. Il est tranquille comme ça ne se peut pas aussi. »

Inconvaincu, avec une envie de ne pas y entrer, il détacha sa ceinture de sécurité.

À l’intérieur, tout les petits détails lui rappelait son ancien amant : l’odeur des corridors, les escaliers interminables, le passage où il avait attendu, désespérément et en vain, que l’homme le laisse entrer à nouveau dans sa vie, Bob qui sortait les ordures… Bob qui sortait les ordures ?? Brad ne put s’empêcher de dévisager le type responsable d’une grande partie de sa peine intérieure. L’autre homme se contenta de l’ignorer d’un air méprisant, retournant dans l’appartement de son amoureux après avoir été jeté ses déchets.

Brad, trouvant l’endroit trop familier avec son trop plein de souvenirs blessants, manqua éclater en sanglots alors qu’il se remémorait tout ce qui avait pu se passer, tout ce qui ne c’était pas passer, tout ce qui c’était passer autrement. Il pila, sans y penser, sur le petit paillasson devant la porte de sa porte. Sur celle-ci même qu’ils s’étaient rencontrés pour la première fois, qu’ils s’étaient échangés leur premier baiser… Brad sentit une grosse boule se loger dans sa gorge à ses pensés en suivant la dame pour sortir de ses vieux démons. Ils entrèrent dans l’autre appartement où les attendait sa fille et son mari. Brad s’efforçait de sourire malgré qu’il fût bouleversé au plus profond de lui-même par sa mémoire accablante.

« Bonjour, Débuta la mère. Je vous présente … euh … »

« Brad… »

« Brad. Il ne va pas très bien et j’l’ai vu, en faisant les courses, faire une scène avec son ancien… chum… Comme Brad semblait vraiment déprimé, quitte à se laisser mourir gelé dehors, j’ai décidé de l’inviter à passer les fêtes avec nous pour lui donner du bonheur en cette période. »

L’adolescente, depuis qu’elle avait sous-entendu que Brad était gay, semblait beaucoup plus intéressée par lui et par ce qu’il était. Elle poussa un petit gloussement retenu en n’en croyait pas ses oreilles, c’était trop beau pour être vrai.

« Je suis heureux d’être avec vous, Avoua Brad, gêné. »

Les autres lui sourirent et se présentèrent. La jeune fille commença, joyeuse :

« Bonjour, moi c’est Valence ! J’ai 16 ans ! »

« Bonjour, Chantal, je suis la mère de Valence. »

« Salut. Je suis Robin, je suis le père de Valence et le mari de Chantal. »

« Enchanté… »


*************************************************


À quelques mètres de là, l’enfer se déroule alors qu’un autre fracas sonore se fait entendre. L’ouragan Bob commence à se déchaîner fortement, fracassant chaque objet fragile qu’il peut trouver pour y déverser sa frustration montante. La vaisselle y passe aussi, dans les armoires ouvertes sauvagement, se retrouve en milles morceaux par terre. Flavien, dépassé, assis à la table, tente de le calmer :

« Voyons, Bob … Arrête … J’te jure que j’ai rien fais ! Rien ! »

Bob brise une dispendieuse bouteille de vin qu’il a saisi dans le mini sellier, qui n’avait jamais été ouverte, et s’avance vers Flavien. Celui-ci se lève pour l'esquiver, se tassant à droite pour éviter qu’il la lance sur lui. Le morceau de vitre tendu vers l’avant, Bob l’attrape par le collet en le menaçant de son arme. Changement complet d’attitude de sa part, Flavien ne bouge même plus, les yeux éteints fixés sur lui, comme s’il se demande s’il allait oser le faire contre lui. Et si oui, quand.

« Avoue que c’est toi qui l’a appelé ! Avoue que tu baises avec comme un malade durant mon absence !! »

« N … non, voyons … lâche-moi … »

Sa voix est lointaine, craintive mais sincère. La main autour de son cou se resserre, Flavien essaye de s’en dégager pour respirer normalement. Sa tentative fut ratée par Bob qui lui enfile un violent coup à la tête avec sa bouteille cassée pour le blesser. Flavien a enfin sa réponse, à moitié sonné, jeté avec force par terre par l’autre. Il atterrit brutalement sur le plancher, un filet de sang qui s’écoule sur sa joue, recevant un crachat en plein visage.

« T’es juste un salaud ! Combien de fois t’a laissé un autre que moi baiser ton cul pendant que j’étais pas là ? Combien de fois ?? Combien de fois tu t’es foutu de ma gueule ?! »

Flavien essaye de se relever mais n’il arrive pas, affaibli par son crâne qui le faisait souffrir, gémissant un simple :

« Jamais … »

Bob ne le croit pas, en lui prouvant avec un coup de pied sur les côtes, cette fois. Flavien émet une plainte, la vue brouillée de larmes qui refusent de couler.

« Osti que j’en ai assez de tes maudites allures de vierges candides qui joue la chatte en chaleur durant mon absence. J’en ai ras-le-bol ! Câliss de pute, tu me dégoûtes ! »

Flavien, presque incapable d’avoir la force de se défendre, voudrait qu’il comprenne qu’il a raison, qu’il a rien fait. Mais il sait aussi, par habitude, que c’est inutile de tenter quoi que ce soit. Bob, toujours aussi enragé, lui lance sa bouteille et les rares pièces de vaisselles toujours en bon état sur le dos. Des cris de douleur accompagnent la porcelaine qui se brise, sabre, lacère contre sa peau. Bob se met alors à jeter les derniers bibelots qu’il peut trouver, saccage une bonne partie de la pièce jusqu’à ce qu’il remarque que Flavien a défailli. Effrayé de se faire prendre en plein crime, Bob ne perd pas une seconde et sort en vitesse vers la cage d’escalier. Il embarque dans sa voiture avant de disparaître dans la ville sombre, en appuyant sur l’accélérateur.

À peine quelques secondes plus tard, Brad entre, angoissé par les sons qui se sont tut. La scène, ni plus ni moins désolante, qu’il aperçoit le laisse dans une grande stupéfaction. Au beau milieu de la pièce, il observe tout en panoramique. Les morceaux de vaisselle et de verre éparpillés, la flaque de vin éclaboussé sur le comptoir, les chaises de la tables renversés, plusieurs objets à l’envers et Flavien. Flavien qui gît, inconscient, par terre. Son corps gisant dans son sang et dans la porcelaine.

Horrifié, le jeune garçon se dépêche d’appeler le 911, répondant avec affolement aux interminables questions de la téléphoniste. Après avoir déposé le combiné, il court à la salle de bain pour prendre la trousse de premiers soins dans la pharmacie. Il retourne auprès de lui, pour lui retirer les débris prisonniers de ses plaies, panse chacune de ses blessures avec une grande délicatesse.

Par la suite, il ne reste qu’à attendre. À genoux, il le regarde tristement, espérant qu’il allait être correct. Il le regarde, ne l’ayant jamais vu dans un état aussi lamentable. Après quelques temps seulement, les ambulanciers arrivent et vinrent transporter le corps inerte vers l’hôpital le plus près. Brad rejoignit Chantal dans la voiture et tente de se remettre de ses émotions, sans trop y arriver.

Rendus sur les lieux, l’attente encore. Et aucune nouvelle de son état. Chantal est assise, patiente mais inquiète. Brad, lui, craint le pire, faisant les cent pas d’un bout à l’autre de la salle d’attente, d’un pas agité. Le temps semble passer avec une extrême lenteur dans de telles circonstances. Les visites sont interdites depuis un bon moment mais, compte tenu des circonstances, Brad espère quand même avoir un passe-droit. Les médecins se promènent sans cesse dans le couloir malgré l’heure tardive. C’est un mauvais présage, songe Brad. J’aime pas ça…

Pour se détendre, il va vers une petite boutique souvenir et achète un immense ourson qu’une infirmière va porter au chevet de Flavien. Le temps passe de moins en moins lentement et l’anticipation se fait. Brad a retrouvé son calme mais au fond de lui a toujours la trouille.

Finalement, un docteur vient vers eux. Enfin.

« Vous pouvez le visiter 15 minutes, pas plus, Dit-il. »

Brad, soulagé, ne se fit pas prier. Il se dépêcha de traverser le corridor vers la chambre 304. Celle qui hébergeait Flavien.

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