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Bad Boys

19 août 2006

Chapitre 15 : Aveux

Chapitre 15 : Aveux

Le choc en entrant. Flavien, tout amoché, qui était redressé contre l’oreiller. Un pansement sur sa tempe, ses cheveux en désordre, son regard vide, son dos à moitié caché par la jaquette et son visage empli d’ecchymoses et de coupures. Brad avait bien pansé toutes les lésions mais, sous le feu de l’action, n’avait pas remarqué qu’il y avait autant et d’aussi importantes. Malgré son air lointain et triste, Flavien lui sourit tristement en le voyant s’asseoir. Après de longs instants de silence, reconnaissant, il lança pour briser la glace :

« Brad … tu m’as sauvé la vie … merci. »

L’adolescent rougit et répondit, modeste, que c’était tout simplement naturel de l’avoir fait. Il continuait de regarder toutes les blessures de l’autre homme d’un air étonné alors que celui-ci avoua ce qu’il avait entendu :

« Les médecins ont dit que si tu n’avais pas bien désinfecté mes plaies et ni les avait pas bien bandées, j’aurais pu tomber malade ou bien perdre énormément de sang. Ils n’ont presque rien eu à faire sauf un test sanguin et continuer ce que tu avais fait … Merci … Merci Brad. »

Son teint changea de ton, embarrassé. Dehors, le docteur les chronométrait et surveillait le moindre geste, ce qui était dérangeant et qui le rebutait. Brad commença, après un autre silence :

« C’est dommage pour toi qu’il t’ait fait ça le soir du 23 décembre… Tu risques de passer ton Noël à l’hôpital … »

« J’sais. »

Flavien s’appuya sur le coté avec lenteur, le corps endolorit.  Il eut un air très triste, la bouche entrouverte, entourant l’oreiller de ses deux mains, fixant le mur derrière l’autre, les paupières à demi fermées.

Brad, ne supportant pas de voir Flavien sombre comme il ne l’avait jamais vu l’être, le rassura :

« Ne t’inquiète pas! J’vais venir fêter avec toi … À … À moins que tu ne veuilles pas… »

Flavien reprit quelque peu l’air enjoué, dans sa voix, que Brad avait toujours connu :

« Bien sur que je veux ! Ça va me fera sûrement du bien de voir quelqu’un … »

Brad lui sourit, content qu’il accepte.

« Si tu le dis ! »

Le médecin vint couper la discussion et leur dit, pointant sa montre :

« Le quinze minutes est écoulé, vous continuerez demain. »

Brad salua Flavien en se levant pour partir, ayant déjà hâte au lendemain.

Flavien lui resta couché sans bouger, des larmes avaient enfin coulé sur ses joues, lâchant un soupir désespéré.

Ce ne fut qu’après le départ de l’adolescent que le blessé remarqua l’immense ours en peluche qu’il y avait sur sa table de nuit. Il étira le bras pour le prendre, ébahit de trouver ça. Enfantin, le jeune homme eut son premier vrai sourire en lisant la note qui l’accompagnait, suspendue sur la patte poilue :

Est-ce que tu me pardonnes pour tout, Flavien ? Maintenant que nous sommes quitte… Brad.

*********************************

« Qu’est-ce qui s’est passé, ensuite ? Demanda Valence avec des étoiles dans les yeux, les poings plaqués dans son cou. »

« Pas grand-chose après que le docteur est venu nous dire que le temps était écoulé, continua Brad. Je vais retourner le voir demain matin. »

La jeune fille sautillait presque sur son lit tant elle semblait excitée par tant de joliesse. On aurait dit une vraie histoire, à saveur homosexuelle, tant le drame était présent ainsi que l’amour, tellement elle ne croyait pas se qu’elle vivait. Elle demanda, intéressée :

« Tu vas faire quoi, alors ? »

                                                                               

Brad haussa les épaules, regardant le dessin à teneur fortement gay qui était peinturée sur un mur.

« J’en sais rien. Ça m’étonnerait qu’il me demande, tout cru, comme ça, si je veux revenir avec lui et de recommencer notre histoire… »

Valence réfléchit un moment, parmi ses connaissances en la matière, et proposa :

« Montre-lui qu’il est spécial à tes yeux ! »

Brad leva un sourcil, trouvant l’idée curieuse :

« Comment ? »                                                    

« J’en sais rien ! Fais quelque chose d’unique à laquelle il sera charmé et qu’il ne pourra pas résister ! »

« Mais je lui ai acheté un nounours immense … »

« Oui, et c’est bien pensé pour pas qu’il se sente trop seul le soir ! Sauf que  maintenant, il faut que tu lui fasses savoir à quel point tu l’estimes, que tu l’aimes … Il faut le reconquérir ! »

« Ça en reviens à la première question … Comment je fais ? »

« Je sais pas, fait une folie… Comme Shuichi qui se déguise en femme dans Gravitation parce qu’il croyait que Yuki ne voulait rien savoir de lui parce que c’est un homme … ou dans Haru wo Daiteita quand Kato provoque vulgairement Iwaki … ou comme da… »

Brad la coupa, essayant de lui faire voir la réalité :

« Écoute, Valence. Faut que tu comprennes que ma vie n’est pas un manga yaoi avec des beaux mecs musclés qui s’embrassent autour de petites fleurs bleues. Elle est beaucoup moins réjouissante que ça... »

« Je sais mais bon je te dis que tu dois le reconquérir ! C’est la solution ! »

« J’aurai plus l’air d’un fou qu’autre chose, Se plaignit Brad. »

« Oui, et il va adorer. C’est sûr que tu vas le faire craquer ! Assura Valence. »

« J’vais réfléchir là-dessus. »

Brad sortit de la chambre, remerciant son amie, et se coucha sur le divan-lit dans le salon. Il voulut dormir mais la situation de Flavien l’obsédait en même lui foutait la trouille, n’arrêtant pas d’y penser. Alors, incapable de fermer l’œil, il sortit de l’appartement de Chantal et alla faire du ménage dans celui de Flavien, qui n’avait pas la porte barrée à cause des récents événements. Maintenant que la police avait photographiée la scène du crime, Brad pouvait tout ramasser. La vaisselle en morceau fut toute jetée, le comptoir nettoyé, les choses et le jeune garçon passa une bonne partie de la nuit à tenter d’effacer toutes les taches de sang sur le tapis. Il y parvint après quelques heures de travail intense et tomba endormit sur le sol, épuisé.

*****************************************

Il fut réveillé, le lendemain, par la voix de Valence qui l’interpellait. Après le petit déjeuné et s’être changé, ensemble, ils allèrent acheter un nouveau et peu dispendieux set de vaisselle orné de fruits pour Flavien. Au retour au bloc, Ils lavèrent et rangèrent les nouveaux morceaux, en riant et jasant. Ils finirent juste à temps pour le début de l’heure des visites.

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Brad marcha rapidement dans le corridor en vérifiant les numéros de chambre inscrit sur le haut des cadres.

Dans la 304, où Flavien l’attendait en jouant un peu avec l’ourson, le faisant marcher, faire des pirouettes, il semblait aller davantage mieux physiquement que mentalement. Brad ne put s’empêcher de le trouver vraiment beau comme ça, quand il pénétra dans la pièce. Le blessé lui sourit en le voyant.

«Salut, merci Brad ! Lança-t-il. Merci pour l’ourson ! Il est vraiment mignon ! »

                              

Brad rougit et bredouilla quelques paroles en guise de justification :

« C’était un peu … ma manière de m’excuser pour t’avoir fait paraître pour un fou hier … dans le magasin … »

Flavien, compatissant, dit gentiment :

« Ce n’est pas grave. C’est plutôt moi qui devrait m’excuse pour t’avoir abandonné… »

« T’as pas à t’excuser, ça m’a juste mit la vérité en face… »

« Quelle vérité ? »

Brad prit une grande inspiration avant de continuer avec peine pour lui expliquer :

« Ça m’a vraiment démontré que je suis le seul responsable de ma tristesse et que j’aurais dû y penser que t’allais te trouver quelqu’un d’autre au lieu d’espérer que tu m’attendais encore. Et aussi, j’ai pu voir à quel point j’m’étais trompé l’autre soir quand j’ai … prit la mauvaise décision … C’est inexcusable, en fait. »

« C’est pas ta faute, Le rassura Flavien. Tu ne savais pas… ce que tu faisais… ce que ça ferait… »

Brad commençait à avoir la voix serrée :

« J’ai quand même perdu la personne la plus chère à mes yeux … »

Il y eut un silence lourd. Très lourd. Se sentant vraiment de trop et trouvant que la réalité dépassait trop la fiction, Valence s’excusa et sortit de la pièce, laissant les deux hommes seuls.

Flavien ne fit que le regarder pendant un moment, pensant puis proposa, un peu troublé :

« Tu sais, tu m’as pas totalement perdu de ta vie… On peut être amis, si tu veux… »

Le cœur de Brad cessa de battre en entendant le mot « ami ». Plus que n’importe quoi, c’était le cœur du jeune homme qu’il voulait… Le mot ami signifierait donc que leur aventure était reliée au passé, sans que jamais ils ne pourraient s’aimer comme antérieurement. Brad essuya même quelques larmes qui commençaient à perler autour de ses yeux et se força de lui faire un sourire :

« Ok. »

« J’me sens un peu seul, j’peux avoir un câlin ? »

Brad s’avança pour accomplir sa demande, même si ça lui faisait mal de le coller quand en lui, il n’avait que l’envie de sangloter, trouver son réconfort dans ses bras. Flavien, lui, semblait aller mieux durant l'étreinte de son nouvel ami. Il lui révéla, en se détachant de lui :

« T’es un très bon gars pareil, Brad. »

« Toi aussi. »

« Et bon, si ça peut te faire plaisir, moi et Bob c’est d’l’histoire ancienne, comme t’as pu constater, Annonça Flavien. »

« J’vois pas pourquoi ça me ferait si plaisir. On n’est plus ensemble, non. »

« J’croyais que ça te aurait pu te rendre mieux, toi qui était si affligé de voir que je m’était remis en couple. »

« Bof, après tout, c’est normal, Déclara Brad, comme s’il n’avait rien là. Ça aurait été idiot de rester avec un salaud qui t’a fait ça ! »

Flavien baissa le regard à sa remarqua. Brad prononça la suite, honteux de la dire :

« Comme ça aurait été idiot de rester avec un gars qui t’a abandonné. »

« Idiot, pour ça, tu dis ? Répondit Flavien, croyant le contraire. T’es sur ? »

« J’ai été stupide, oui. »

Se sentant très mal pour lui, Flavien tenta de comprendre plus en profondeur en demandant, avec une once de curiosité :

« Qu’est-ce qui s’est passé, après que tu sois parti sans moi ? »

Brad renifla, sa voix était devenue mélancolique :

« J'ai pas dormi de la nuit tant tu me manquais, Falbo, lui, était redevenu si distant, j’ai même dû m'droguer pour oublier ma peine, tenter de me reposer. Quand j'suis allé chercher mon sac, j'voulais tant te demander de me reprendre pourtant… j'avais trop de fierté pour le faire pis… T’étais si froid... Quand tu m'as fermé la porte au nez, me disant que tu n'étais plus sur que tu m'aimais, j'étais sur que t'allais te faire à l'idée, que tu allais me laisser entrer, peu importe le temps que ça prendrai. J'ai attendu, attendu, attendu mais la porte ne s'est jamais ouverte. J'm'en suis jamais remis puis Falbo m'a vite obligé à reprendre la job et … Et je suis devenu ça : Une sale pute qui doit supporter tout les caprices de ces clients pour s'payer sa drogue pour étouffer son désespoir quelques minutes par jour … J'suis devenu le mal en personne ... »

Flavien, assez perturbé par sa démoralisation et sa véritable descente en enfer, tenta de le consoler en assurant l’inverse.

« T’es pas autant le mal que tu le prétends… »

« Oui… Oui je le suis…, Protesta le garçon. Même en ce moment, mon corps réclame en me torturant pour obtenir encore de cette maudite poudre. »

« Tu sais, moi, ce jour-là, j’ai beaucoup hésité à t’ouvrir la porte. J’n’savais plus comment réagir à tout ça, ma tête et mon cœur était en désordre. Quand j’t’ai entendu partir, j’ai pu qu’effondré comme une fillette. »

« Ah, j’me suis tellement trouvé salaud par la suite. J’pensais à tout ce qu’on s’était dit : qu’on ne se lâcherait jamais, qu’on serait toujours là pour se soutenir... J’y repense encore tellement et ça m’donne le goût d’mourir. Confessa t-il, en baissant la tête. »

« Tu n’est pas salaud, Brad, c’est pas vrai. Enlève-toi ça de la tête..., Répliqua Flavien, attrister de comment il se trouvait. Moi après, j'ai voulu plus y penser, tout effacé. Alors, je me changeais les idées. Puis quelques jours après, dans un bar très normal, je l'ai rencontré pis je l’ai ramener chez moi à la fin de la soirée. J’ai peut-être essayé de me prouver de quoi ou je sais pas trop. Je voulais peut-être passer à d'autre chose mais ça pas marché, parce que tu sais quoi ? T’étais aussi présent dans mon esprit, toujours là en moi. Ajouta t-il, sincèrement. »

Brad fut étonné, releva le regard. Il s’exclama, avec chagrin ce qu’il avait su :

« J’voulais pas t’abandonner ! J’voulais pas ! Je me suis fait embobiné dans un de ses complots. Jamais été son amoureux, il m’a jamais eu un petit sentiment pour moi… Je l’ai tout de suite compris dès la première soirée, que je m’étais fait avoir. »

« Mais pourquoi tu restes avec lui alors ? Ça sert à rien de rester avec un type pareil… C’est comme…. Moi et Bob… Le raisonna Flavien, en ayant compris qu’il n’avait rien fait pour se sortir de là. »

« Parce que j’ai nulle part où aller et que la rue est mon seul refuge. »

« J’vais te soutenir, moi. Mes promesses tiennent toujours, cependant faudrait que tu y mettes du tien, aussi, pour aider ta cause. »

Brad se sentit rayonné, tout d’un coup, lui promettant, le cœur emballé :

« Je vais faire de mon mieux, donner mon maximum. Je vais faire d’énormes efforts. Promis. Si jamais Falbo revient me chercher, j’l’envoie promener comme l’employé hier ! »

Flavien l’attira près de lui, rigolant :

« Et je suis t’es ma propriété, à partir de maintenant, tu ne partiras certainement pas ! »

Brad rit un bon moment avec lui jusqu’à temps que Flavien eut le courage de dire :

« Écoute… Tu sais quand je t’ai dit que je n’étais plus sur de t’aimer... Je le retire… J’suis sur que c’est faux, même aujourd’hui. »

Jusqu’à ce qu’il sentit les lèvres du jeune homme, impulsif, reprendre possession des siennes, ses mains sur chaque côté de son visage. Brad fut tellement abasourdi, mais ne rouspéta pas tant il avait rêvé de ce moment pendant des nuits et des jours.

Jusqu’à qu’il en ait la preuve avec la langue qui chatouillait la sienne. Jusqu’à que Flavien lui souffla qu’il était prêt à lui donner une autre chance à ce niveau finalement. Jusqu’à que Brad l’embrasse à nouveau, le cœur battant la chamade.

Valence, dans la porte, regardait la ravissante scène, bavant sauvagement en voyant les deux hommes s’échanger un fervent baiser … Enfin un Noël de sauvé !

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9 août 2006

Chapitre 14 : Le plus mal pris n’est jamais celui qu’on pense

Note : La narration du récit passe du passé au présent. Car ça donne un effet tout autre de supense qui fitte très bien avec l’action.

La ville était secouée par une vague de flocons. Partout autour, les gens marchaient en couple, collés pour se réchauffer durant cette froide soirée, et semblaient très heureux. Brad, lui, n’avait pas bougé d’un centimètre, ne l’était pas du tout. Il avait commencé à grelotter de tout son corps, ses lèvres étaient devenues bleues et son teint devenait encore plus pâle. Mais toujours personne n’avait réussit à le remarquer dans sa tristesse. Au moins cent personnes, sans exagérément, étaient entrées ou sorties de l’immense magasin à grande surface mais aucune n’avait pris la peine de s’être arrêté devant lui.

22 heures sonnait, la fermeture approchait et le froid glacial devenait de plus en plus insupportable pour son corps engourdi. Les derniers clients partaient vers leur maison au chaud, passer du bon temps avec leurs proches. Mais Brad restait toujours là. Une dame finit enfin par s’arrêter. Ce dernier était dans un état semi conscient et s’en rendit compte que lorsque la femme vint lui donner une boisson chaude pour le réveiller un peu. Brad, avec les yeux pleins d’eau, se demanda pourquoi on le prenait ainsi par pitié, lui qui était si misérable. Il but tout son verre pour ne pas décevoir la madame de se soucier de sa pitoyable personne. Celle-ci qui lui dit :

« Vous ne devriez pas rester assis comme ça avec toute cette neige. Vous allez geler et ça va vous ruiner la santé. »

« Je n’étais pas assis, Rétorqua Brad. J’étais couché ! »

« C’est la même chose … »

« De toutes façons, même si je gèlerais, ça ne dérangerait personne. Ça fait rien. »

« Ne dites pas ça, Demanda la femme avec compassion. »

« Que je le dise ou non, ça change rien au fait que j’ai raison… »

Il y eut un malaise entre les deux après ces paroles tranchantes. La dame finit par proposer :

« Écoutez, je fais toujours trop de bouffe à Noël, pourquoi ne viendrez-vous pas passer les fêtes avec ma famille et moi ? Ça vous ferait oublier vos soucis un moment …»

Brad, étonné, resta bouche bée durant quelques secondes. Cependant, la peur d’être de trop, de se faire traiter que par de la pitié le rebuta. Il déclina l’offre et sans que l’étrangère ne lâche prise, insistante. Tant que Brad n’eut pas le choix d’accepter. Alors, il se leva et l’inconnue le conduit à sa voiture. Brad la remercia gentiment pour tout le trouble que ça allait lui pouvoir lui causer. Après avoir posé les sacs sur la banquette arrière, elle lui débarra la portière passagère. Ils s’assirent dans l’auto et, en quelques instants, furent sortis du stationnement. L’adolescent, durant le voyage, ferma les yeux sous la chaleur du radiateur, la voix rassurante de son hôtesse et la musique calme à la radio qui lui faisait retrouver un certain contact avec la réalité. La dame sourit en remarquant que son invité en bien meilleur état que tantôt. Brad se reposa quelques minutes avant que la voiture se stationna devant un bloc d’appartement. Et lorsque le pauvre Spitfire ouvrit les yeux, il paralysa…

« C’est … c’est … c’est …, Tenta-t-il de commencer mais la dame finit par l’aider. »

« Oui, c’est ici qu’il habite aussi. J’vous ai entendu votre interlocution dans les rayons et c’est pour ça que j’ai hésité à vous prendre avec moi. Ne vous inquiétez pas, même si son logement est en face du mien, on le voit pratiquement jamais. Il est tranquille comme ça ne se peut pas aussi. »

Inconvaincu, avec une envie de ne pas y entrer, il détacha sa ceinture de sécurité.

À l’intérieur, tout les petits détails lui rappelait son ancien amant : l’odeur des corridors, les escaliers interminables, le passage où il avait attendu, désespérément et en vain, que l’homme le laisse entrer à nouveau dans sa vie, Bob qui sortait les ordures… Bob qui sortait les ordures ?? Brad ne put s’empêcher de dévisager le type responsable d’une grande partie de sa peine intérieure. L’autre homme se contenta de l’ignorer d’un air méprisant, retournant dans l’appartement de son amoureux après avoir été jeté ses déchets.

Brad, trouvant l’endroit trop familier avec son trop plein de souvenirs blessants, manqua éclater en sanglots alors qu’il se remémorait tout ce qui avait pu se passer, tout ce qui ne c’était pas passer, tout ce qui c’était passer autrement. Il pila, sans y penser, sur le petit paillasson devant la porte de sa porte. Sur celle-ci même qu’ils s’étaient rencontrés pour la première fois, qu’ils s’étaient échangés leur premier baiser… Brad sentit une grosse boule se loger dans sa gorge à ses pensés en suivant la dame pour sortir de ses vieux démons. Ils entrèrent dans l’autre appartement où les attendait sa fille et son mari. Brad s’efforçait de sourire malgré qu’il fût bouleversé au plus profond de lui-même par sa mémoire accablante.

« Bonjour, Débuta la mère. Je vous présente … euh … »

« Brad… »

« Brad. Il ne va pas très bien et j’l’ai vu, en faisant les courses, faire une scène avec son ancien… chum… Comme Brad semblait vraiment déprimé, quitte à se laisser mourir gelé dehors, j’ai décidé de l’inviter à passer les fêtes avec nous pour lui donner du bonheur en cette période. »

L’adolescente, depuis qu’elle avait sous-entendu que Brad était gay, semblait beaucoup plus intéressée par lui et par ce qu’il était. Elle poussa un petit gloussement retenu en n’en croyait pas ses oreilles, c’était trop beau pour être vrai.

« Je suis heureux d’être avec vous, Avoua Brad, gêné. »

Les autres lui sourirent et se présentèrent. La jeune fille commença, joyeuse :

« Bonjour, moi c’est Valence ! J’ai 16 ans ! »

« Bonjour, Chantal, je suis la mère de Valence. »

« Salut. Je suis Robin, je suis le père de Valence et le mari de Chantal. »

« Enchanté… »


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À quelques mètres de là, l’enfer se déroule alors qu’un autre fracas sonore se fait entendre. L’ouragan Bob commence à se déchaîner fortement, fracassant chaque objet fragile qu’il peut trouver pour y déverser sa frustration montante. La vaisselle y passe aussi, dans les armoires ouvertes sauvagement, se retrouve en milles morceaux par terre. Flavien, dépassé, assis à la table, tente de le calmer :

« Voyons, Bob … Arrête … J’te jure que j’ai rien fais ! Rien ! »

Bob brise une dispendieuse bouteille de vin qu’il a saisi dans le mini sellier, qui n’avait jamais été ouverte, et s’avance vers Flavien. Celui-ci se lève pour l'esquiver, se tassant à droite pour éviter qu’il la lance sur lui. Le morceau de vitre tendu vers l’avant, Bob l’attrape par le collet en le menaçant de son arme. Changement complet d’attitude de sa part, Flavien ne bouge même plus, les yeux éteints fixés sur lui, comme s’il se demande s’il allait oser le faire contre lui. Et si oui, quand.

« Avoue que c’est toi qui l’a appelé ! Avoue que tu baises avec comme un malade durant mon absence !! »

« N … non, voyons … lâche-moi … »

Sa voix est lointaine, craintive mais sincère. La main autour de son cou se resserre, Flavien essaye de s’en dégager pour respirer normalement. Sa tentative fut ratée par Bob qui lui enfile un violent coup à la tête avec sa bouteille cassée pour le blesser. Flavien a enfin sa réponse, à moitié sonné, jeté avec force par terre par l’autre. Il atterrit brutalement sur le plancher, un filet de sang qui s’écoule sur sa joue, recevant un crachat en plein visage.

« T’es juste un salaud ! Combien de fois t’a laissé un autre que moi baiser ton cul pendant que j’étais pas là ? Combien de fois ?? Combien de fois tu t’es foutu de ma gueule ?! »

Flavien essaye de se relever mais n’il arrive pas, affaibli par son crâne qui le faisait souffrir, gémissant un simple :

« Jamais … »

Bob ne le croit pas, en lui prouvant avec un coup de pied sur les côtes, cette fois. Flavien émet une plainte, la vue brouillée de larmes qui refusent de couler.

« Osti que j’en ai assez de tes maudites allures de vierges candides qui joue la chatte en chaleur durant mon absence. J’en ai ras-le-bol ! Câliss de pute, tu me dégoûtes ! »

Flavien, presque incapable d’avoir la force de se défendre, voudrait qu’il comprenne qu’il a raison, qu’il a rien fait. Mais il sait aussi, par habitude, que c’est inutile de tenter quoi que ce soit. Bob, toujours aussi enragé, lui lance sa bouteille et les rares pièces de vaisselles toujours en bon état sur le dos. Des cris de douleur accompagnent la porcelaine qui se brise, sabre, lacère contre sa peau. Bob se met alors à jeter les derniers bibelots qu’il peut trouver, saccage une bonne partie de la pièce jusqu’à ce qu’il remarque que Flavien a défailli. Effrayé de se faire prendre en plein crime, Bob ne perd pas une seconde et sort en vitesse vers la cage d’escalier. Il embarque dans sa voiture avant de disparaître dans la ville sombre, en appuyant sur l’accélérateur.

À peine quelques secondes plus tard, Brad entre, angoissé par les sons qui se sont tut. La scène, ni plus ni moins désolante, qu’il aperçoit le laisse dans une grande stupéfaction. Au beau milieu de la pièce, il observe tout en panoramique. Les morceaux de vaisselle et de verre éparpillés, la flaque de vin éclaboussé sur le comptoir, les chaises de la tables renversés, plusieurs objets à l’envers et Flavien. Flavien qui gît, inconscient, par terre. Son corps gisant dans son sang et dans la porcelaine.

Horrifié, le jeune garçon se dépêche d’appeler le 911, répondant avec affolement aux interminables questions de la téléphoniste. Après avoir déposé le combiné, il court à la salle de bain pour prendre la trousse de premiers soins dans la pharmacie. Il retourne auprès de lui, pour lui retirer les débris prisonniers de ses plaies, panse chacune de ses blessures avec une grande délicatesse.

Par la suite, il ne reste qu’à attendre. À genoux, il le regarde tristement, espérant qu’il allait être correct. Il le regarde, ne l’ayant jamais vu dans un état aussi lamentable. Après quelques temps seulement, les ambulanciers arrivent et vinrent transporter le corps inerte vers l’hôpital le plus près. Brad rejoignit Chantal dans la voiture et tente de se remettre de ses émotions, sans trop y arriver.

Rendus sur les lieux, l’attente encore. Et aucune nouvelle de son état. Chantal est assise, patiente mais inquiète. Brad, lui, craint le pire, faisant les cent pas d’un bout à l’autre de la salle d’attente, d’un pas agité. Le temps semble passer avec une extrême lenteur dans de telles circonstances. Les visites sont interdites depuis un bon moment mais, compte tenu des circonstances, Brad espère quand même avoir un passe-droit. Les médecins se promènent sans cesse dans le couloir malgré l’heure tardive. C’est un mauvais présage, songe Brad. J’aime pas ça…

Pour se détendre, il va vers une petite boutique souvenir et achète un immense ourson qu’une infirmière va porter au chevet de Flavien. Le temps passe de moins en moins lentement et l’anticipation se fait. Brad a retrouvé son calme mais au fond de lui a toujours la trouille.

Finalement, un docteur vient vers eux. Enfin.

« Vous pouvez le visiter 15 minutes, pas plus, Dit-il. »

Brad, soulagé, ne se fit pas prier. Il se dépêcha de traverser le corridor vers la chambre 304. Celle qui hébergeait Flavien.

9 août 2006

Chapitre 13 :

Brad frottait, encore et encore, son corps qui lui semblait répugnant pour tenter d’enlever la saleté qui semblait s’être incrusté. C’était la troisième fois qu’il se lavait dans la douche de son client, monsieur Côté, mais ne se sentait toujours pas nettoyé. Jamais encore, on l’avait traité de la sorte. On l’avait peut-être battu, enchaîné, un peu maltraité mais jamais de cette façon… On ne lui avait jamais fait… ça… Brad se mit à trembler et quelques larmes coulèrent, continuant de frictionner son corps maigrichon avec la débarbouillette savonneuse.

Combien de kilos avait-il pu perdre en un mois ? 10 ? 15 ? Il l’ignorait mais sait que le désarroi avait remplacé sa faim de nourriture par son appétit de drogue. Il ne mangeait désormais qu’une seule fois par jour pour économiser le peu argent qui lui restait. En effet, Brad avait pratiquement tout flambé tout le fric qu’il avait retiré au premier jour de sa fugue et ne pouvait plus le faire, comme son compte a été gelé.

À vrai dire, Brad n’avait pas pu vraiment oublier Flavien. En fait, il pensait souvent à lui. Le souvenir de l’amour qu’ils avaient partagé durant leur seule semaine de vie commune semblait détruire Brad. Il ne s’était jamais remis du fait que tant de bonheur mutuel avait pu être ruiné, ces sentiments conjoints annihilés rien que par une décision stupide, irréfléchie de sa part. Tous les soirs, l’adolescent serrait fort contre lui l’oreiller empreint du parfum de Flavien, s’imaginant à quel point il aurait pu être heureux avec lui en ce moment sans ce choix. Tous les jours, le brun allait vérifier qu’il n’avait pas rêvé à ce bonheur et qu’il avait bel et bien existé. Ouvrant, de ce fait, un bottin téléphonique, il cherchait le nom de Flavien, comme s’il voulait s’assurer qu’il existait vraiment. Le jeune garçon passait même quelques fois devant son appartement, tant il voulait se réconforter… Ses amis avaient remarqué son état. Charles faisait de son mieux pour lui remonter le moral mais Brad niait sa douleur. Falbo, lui, le gavait d’héroïne, l’incitant toujours à en prendre de plus en plus pour calmer cette douleur…

Après 45 minutes de douche, en ce 22 décembre, Brad finit par sortir avec un air imperturbable, une fausse allure qu’il adoptait pour ne pas craquer. Côté avait toujours les mains qui sentait encore ses gestes de tout à l’heure, la pièce empestait aussi mauvais. Brad en frissonna de dégoût, un haut-le-cœur le prenant. Le client s’approcha du jeune, tout en sortant plusieurs billets rouges de son portefeuille ainsi qu’en donna une bonne dizaine à Brad.

« Est-ce suffisant, 500 ? »

Brad resta obstinément aussi distant, détestant l’homme plus que tout. Non, ce n’était pas trop de la haine qu’il éprouvait mais plus le choc d’avoir vécut un cauchemar à cause de ce type étrange avec sa déviance sexuelle dégoûtante. Aucun montant d’argent, aussi élevé soit-il, ne pourrait racheter l’humiliation qu’il venait de subir. Le prostitué revoyait encore les excréments sur sa poitrine, les mains sales de Côté qui le masturbait, et tout qui s’enchaînait d’une façon aussi crasseuse … Le goût âcre à sa bouche alors que le vieillard bandait en contemplant son malheur…

« C’est plus que suffisant, monsieur. Merci beaucoup. »

Côté lui adressa un grand sourire sincère mais honteux, comme s’il avait préféré que l’inhabituel en lui aurait été capable de se contrôler de ses pulsions qu’il retenait depuis si longtemps. Brad, toujours enfermé dans sa tête, prit les billets.

« J’m’excuse, mon gars. Je me fais peur moi-même… J’regrette. »

En entendant les excuses honnêtes du monsieur, Brad fut un peu choqué d’entendre de tels regrets, ayant une féroce envie de l’envoyer « manger de la merde » dans le sens figuré du terme. Cependant, il savait que la remarque aurait fait sourire de nouveau Côté car elle était trop de circonstances. Brad lui dit, à la place :

« Y’a rien là. Au revoir. »

Côté le salua chaleureusement puis Brad se tira rapidement de là, tout traumatisé. La pute avait mal au ventre car son estomac ne semblait pas avoir toléré le nouveau régime auquel Côté l’avait un peu forcé à adopter, cet après-midi. Même la saveur écœurante ne semblait pas partir après une bouteille complète de rince-bouche. En marchant, Brad se mit à renifler sous la douce neige tombant, retenant son mal. Autour de lui, tout le monde semblait si joyeux, rassemblant leurs emplettes pour les fêtes et lui, si malheureux, si en détresse. Il arriva vite tout près du trou, voyant au loin, à l’entrée du magasin Américain à grande surface d’en face, un Père-Noël qui accueillait les enfants. Comme il n’y avait personne au trou, Brad décida d’aller faire un tour au magasin. Il eut l’idée de faire une petite fête pour Noël, entre eux, pour donner un peu de joie.

Celui-ci se promenait dans les allées bondées, errant simplement près du rayon des cosmétiques. Un arôme familier vint lui taquiner les narines et les papilles olfactives. Le jeune, se rapprochant, vit une bouteille de l’agréable parfum que portait Flavien qui était fracassée par terre. Les larmes lui revinrent alors, une autre fois, aux yeux, pris de tremblements. Il n’arrêtait pas de se répéter que s’il n’avait pas été assez stupide pour laisser Flavien, il n’aurait pas eu à tolérer toute cette douleur et les fantasmes du scatophile. Ça aurait tellement différent, il aurait pu vivre heureux et… avec lui. Recroquevillé sur lui-même, il pleura encore une fois un bon coup avant de se faire saluer par une voix qui lui semblait connaitre. Un simple et courtois lancé près de lui :

« Allo. »

Brad releva la tête et n’en crut pas ses yeux. C’était lui, le Rédempteur, le Messie ! Alléluia ! C’était Flavien ! Brad lui sauta dans les bras, pleurant autant mais souriant. Il bénit le ciel d’avoir redonné SON Jésus pour qu’il vienne le sauver. Flavien fut terriblement surpris d’une telle réaction mais n’osa pas le repousser, trop stupéfait. Brad essuya ses larmes du dos de sa main et avoua :

« Tu m’as terriblement manqué ! »

Flavien, lui, avait l’air plutôt terriblement embarrassé et mal à l’aise. Brad le remarqua pour le relâcher en s’excusant :

« Désolé… J’ai réagis un peu trop vite. »

« C’est pas grave. »

« Ça va, toi? »

« Oui… mais pas toi, comme j’peux voir… »

« T’as pigé. Ta vie, elle va bien ? »

« Pas mal. Toi, tu remontes la pente ? »

Brad avait l’air si sombre alors qu’il répliqua :

« Quand je n’suis pas à jeun, on peut dire que c’est moins pire. »

Alors, ne suivant que son désespoir et son cœur, Brad prit la main de Flavien en le suppliant d’un regard très pitoyable :

« Je t’en prie, reprends-moi. Depuis ma décision imbécile, j’me sens tellement mal, j’en peux plus d’être séparé de toi. J’ai le cœur qui se rompt en deux… j’t’aime tellement… »

Flavien se sépara de la main d’un geste rapide, encore plus perturbé.

« Je comprends mais je ne peux pas. Ça me causerait encore plus de problèmes. »

Brad insista :

« Mais, Flavien, s’il te plait… J’vis p’us, j’mange p’us, j’dors p’us ! La seule chose qui me fait vivre un peu c’est l’héro. J’me suis fait chier dessus tantôt pour avoir l’argent qui me permettrait d’oublier, l’espace d’un moment, ce qui m’arrache le cœur. J’t’aime tellement quand j’me déteste tant. Sauve-moi, Flavien, j’t’en prie. »

Les gens autour commençaient à faire des commentaires, à se retourner pour les observer. Flavien en devint rouge, tout gêné d’être épié et jugé, et dit à Brad qu’ils devraient en discuter ailleurs. Cependant, Brad continuait de lui scander son amour sans y prêter attention, le priant encore de revenir avec lui. Soudainement, un gars à la peau noire un peu enveloppé, vint enlacer Flavien par derrière, plaquant ses lèvres dans son cou. Cet homme dit :

« Je suis de retour, chéri… »

Brad devint bouche bée avant de baisser la tête, humilié. Il fit un faux sourire, empreint de tristesse, et leur souhaita :

« J’espère que tu vas être heureux Flavien… Avec un gars plus vieux que moi, plus normal et moins braillard que moi. J’m’en doutais tellement, j’aurais dû savoir qu’il n’existait pas de bonheur et d’amour pour moi dans ce monde… même pas d’espoir. »

Brad s’éloigna et le malaise en Flavien était grandissant. Brad marcha sans s’arrêter jusqu’à ce qu’il fut sortit depuis longtemps de leurs champs de visions. Par la suite, la rage s’empara de lui et, d’un geste tout simplement impulsif, il donna un coup de pied dans une étagère, faisant s’écrouler tout ce qui y était. Un employé, désemparé de devoir tout ramasser, vint le disputer mais celui-là l’envoya promener :

« Criss, tu peux bien chialer ! Tu t’es même pas fait chier dessus aujourd’hui alors ne vient pas dire que ton travail est forçant ! Puis va t’faire foutre, caliss ! »

L’employé fut outré et Brad se défoula sur lui, de toute sa colère, pendant bon moment. Enragé à son tour, l’employé lui montra la porte pour que Brad la prenne bien vite. Dehors, tout le poids de ce qu’il vivait lui tomba dessus. Seul. Il était seul au monde maintenant, sans aucune foi pour le garder en vie. Dans sa tête, la voix de son ancien amoureux repassait sans arrêt : « J’t’abandonnerai jamais, Brad. Je te le jure… Même si on se sépare, j’vais t’aider quand même à t’en sortir… J’t’aime Brad. ». Les sanglots de Brad recommencèrent, il se repliait par terre à nouveau, cédant sous le coup des émotions. La tempête continuait, de tomber et les clients heureux, passaient à côté de Brad sans même se soucier de lui. Bob, en sortant, lança une pièce de 2$ sur la tête de Brad, faisant rire Flavien. Brad recala encore plus dans sa peine. La noirceur tomba très rapidement, le froid devenait insupportable.

« Si seulement, j’pouvais mourir gelé… », Songea Brad. « Au moins, personne ne me regrettera et je serai enfin sorti de cet enfer… »

Ce soir-là, Flavien fit une bonne soupe tandis que son amoureux, Bob, passa la soirée avec lui. Ils mangèrent, collés sur le divan tout en écoutant un excellent film romantique. Flavien souriait de bonheur. Bob était si attentionné et charmant. Avait-il finalement trouvé la bonne personne ? Cependant, lorsqu’il ferma les rideaux de la fenêtre du salon, avant d’aller rejoindre Bob dans le lit, Flavien eut une petite pensée pour Brad, qu’il chassa en vitesse. Il avait espéré, sans s’en apercevoir, que Brad était au chaud et non toujours en train de geler devant l’établissement comme tout à l’heure…

9 août 2006

Chapitre 12 : De glace devant l’abandon

Brad se leva à l’aube, avec l’impression d’être encore plus déprimé qu’avant sa nuit pénible. Les traits de son visage étaient déformés par l’épuisement, par la douleur… non, il n’était vraiment pas très beau à regarder. Un profond malaise le saisit lorsque qu’il se rappela des événements de la veille qui le rongeait physiquement avant de se remettre à larmoyer. Falbo ouvrit les yeux, réveillé par ses pleurs, et vint le serrer, toujours dans son rôle de l’amoureux. Le blond, semblant attentionné, essuya ses larmes qui coulaient sur les joues du jeune garçon, lui déposa un baiser sur la joue. Il le repoussa pour aller s’habiller et Falbo, plus blessé dans son orgueil qu’autre chose, le dévisagea :

« C’est ça ! Soit méchant avec ton chum ! Euh… Qu’est-ce que tu fais ? »

Brad mit un gilet de laine, sa veste en rétorquant :

« J’vais récupérer mes choses chez Flavien. »

Falbo, alors, se leva et lui bloqua la sortie. Il savait que, si Brad allait voir Flavien, son protégé risquerait de ne jamais revenir pour rester chez Bouchard.

« Pas question que tu ailles chez lui, Brad. Ça risque de te faire mal plus qu’autre chose. J’vais te les racheter, moi tes trucs, t’inquiète pas. »

Brad le tassa pour avoir le chemin libre. Falbo se résigna et sortit à son tour pour lui dire :

« Tu peux partir sauf que tu dois être revenu dans 20 minutes sinon je vais venir te chercher. J’veux pas te perdre, j’t’aime tant. »

Brad avait un air désespéré, endormit par son manque de sommeil. Il demanda, faiblement :

« J’peux en ravoir… de ce que tu m’as donné hier ? J’ai besoin… de courage… »

Falbo lui fit un grand sourire, fier que sa stratégie pour rendre Brad dépendant à lui fonctionne comme il l’avait prévu. Il en sortit un sachet de poudre et confirma :

« Tiens. J’te le fais à moitié prix, donc 35$. »

Brad fouilla dans son porte-monnaie pour lui donner quelques billets, ensuite pouvoir consommer ce remède qui l’aiderait certainement. La tête tournant un peu, il prit la bicyclette de Charles, en route vers chez Flavien.

Il arriva quelques minutes plus tard et monta les marches qui le séparaient du petit appartement, haletant. Il manqua tomber plusieurs fois, son jugement affaibli par l’héroïne, puis il parvenait au palier. Il cogna dans la porte et Flavien alla ouvrir. Il affichait un air impassible, cette froideur gela le sang de Brad. L’homme donna son sac à l’adolescent, presque en le lançant, rudement. Comme s’il ne voulait pas du tout l’effleurer.

« Ton sac. J’ai remis ta carte d’assurance maladie dedans, gamin. »

Flavien appuya sur le dernier, plein de ressentiment caché dans sa voix glaciale. Brad n’avait qu’une seule envie, celle de sauter dans les bras de Flavien et de rester éternellement avec lui, mais il savait qu’il ne pourrait jamais la suivre. Il se mit à trembler légèrement, essayant de garder son calme du mieux qu’il pouvait.

« Merci beaucoup. »

« Tu m’as menti sur toute la ligne ! Tu n’as même pas 18 ans mais 15… Petit pervers manipulateur qui s’est servis de moi ! »

Brad voulut répliquer que ce n’était pas vrai mais sa voix le quitta. Il se rappela pourquoi il avait menti et expliqua, d’une voix piteuse.

« J’avais peur… que tu ne veuilles pas de moi… si j’te disais la vérité… »

Flavien garda son air impassible, ne le croyant pas. Quelques secondes plus tard, Flavien tenait la porte avec sa main et dit :

« J’crois qu’on n’a plus rien à se dire. Rien du tout. Bye. »

Brad sentit les larmes lui monter aux yeux, son cœur remplit de désarroi, il murmura un « Bye » aussi en regardant la porte se refermer. Sa raison l’abandonnant, il eut un relent de courage et arrêta la porte. Il avoua, avec l’énergie du désespoir :

« J’me sens tellement pas bien. »

Flavien le dévisagea alors en haussant les épaules. Alors qu’il était sur le point de se retourner, Brad dit, la voix tremblante de sincérité :

« C’est toi que j’aime… J’te le jure! »

Flavien n’avait même pas l’impression de sa sincérité, gardant son regard et son air de marbre et répondit très sèchement, avant de fermer la porte pour de bon :

« Je n’en suis plus sur. »

Brad s’effondra en larmes, à genoux par terre. Il attendit de longues minutes à attendre, toujours en pleurant, devant la porte. À la fixer, qu’elle puisse se rouvrit. Il espérait de tout son cœur que Flavien changerait d’idée, qu’il le laisserait rentrer à nouveau dans sa vie. Mais, il en fut tout autre. Chaque seconde semblait une éternité pour l’adolescent, un supplice immense, pire que tout ce qu’il avait pu vivre jusqu’à maintenant. Après vingt minutes, vingt minutes au ralentit, la porte était toujours resté immobile. Falbo se pointa alors dans le hall et vint relever Brad par les épaules.

« Brad ? Tu vas bien ? »

Brad ramassa son sac et se débattit dans les bras de Falbo. Il était prêt à passer des années complètes à rester devant la porte à se ridiculiser s’il le fallait mais il n’avait plus envie de partir avec Falbo, renouer avec la rue. Gotta serrait fortement Brad contre lui pour éviter qu’il ne s’enfuît. Brad demanda, suppliant :

« Falbo… dis-moi qu’il va m’ouvrir, qu’il ne va pas m’abandonner ! »

« J’y conterais pas. Il est assez salaud pour ne pas le faire et te laisser souffrir ici. Il doit s’être recouché, comme si de rien était. »

Brad se débattit encore plus et criait presque son désespoir.

« NON ! J’SUIS SUR QUE NON !!! IL A PROMIS DE JAMAIS M’ABANDONNER !!!! C’est impossible… »

Falbo finit par le tranquilliser, lui démontrant un peu d’affection. Brad pleurait à chaudes larmes dans les bras de Falbo, ce dernier poursuivit :

« C’est pour ça que je ne voulais pas que tu restes trop longtemps… J’voulais pas qu’il te blesse autant… »

« Il ne m’aimait donc pas ? »

« Non… Laisse-le tomber, il n’en vaut pas la peine.»

Les deux gars partirent donc du bloc, retournant à leur maison. Flavien avait entendu toute la scène et pleurait aussi, se maudissant de ne pas avoir eu la volonté de lui ouvrir, de tout lui pardonner. Dehors, une tempête se leva ou la visibilité était presque nulle.

Après une bonne demi-heure à tenter de se repérer dans le blizzard, les deux gars furent au trou. Falbo dut quitter tout de suite pour aller retrouver un client. Charles, qui était non-loin, vint trouver Brad et le serra dans ses bras pour prendre la relève pour le consoler.

« J’ai tenté de le prévenir mais Flavien ne voulait rien entendre… Ça n’aurait pas dû se passer comme ça… »

Brad releva la tête, voyant Charles. Il eut quelques souvenirs vagues de lui, sans se rappeler de son nom. Il se noya à nouveau dans les larmes et les remords. Charles essayait de faire de son mieux pour le pauvre petit corps tremblant mais n’y parvenait pas. Celui-ci poussa, d’une délicate voix :

« Dis… C’est pas vrai… que Falbo est mon chum… non ? »

Charles baissa la tête, avouant :

« Non… c’était parce qu’il voulait que tu reviennes. »

Brad se sentit encore plus désemparé. Il expliqua, la voix détruite par ses sanglots :

« Et Flavien… ne voulait pas me reprendre… »

Charles, compatissant, suggéra :

« Écoute, s’il t’a dit ça c’est peut-être parce qu’il t’aimait pas tant que ça et ne voulait pas te blesser davantage. Il vaut surement pas que tu pleures pour lui. Il ne doit même pas le faire pour toi. »

Brad bût ses paroles avec un goût amer et se relâcha de l’étreinte de l’autre homme. L’héro lui donnait l’impression d’être dans un mauvais rêve. De tout son cœur, il espérait qu’il se réveillerait plus joyeux. Un espèce de grand bad trip.

Le soir, Brad alla danser comme avant dans le bar. Encore une fois, un groupe de Spitfire corporation, sans Jerry cette fois, était à une table, riant. Ils invitèrent Brad à se dénuder devant eux, celui-ci, dans un état second, accepta sans les reconnaître. Il entendit des tas de commentaires comme : « wah… il a le corps de son père ». Brad ne comprenait rien, ne reconnaissant même pas les gens. Il ne faisait rien d’autre que faire son travail avec professionnalisme. Et puis, on lui dit, en riant : « il se remet vite de son attaque, le petit Brad ! Dire qu’il faisait pitié quand on l’a agressé ! ». Il fallut 20 secondes alors pour que Brad quitte leur table, venant de comprendre que c’était les collègues de son père qui l’avait attaqué l’autre soir. Brad les regardaient tous, questionna, troublé :

« Pourquoi, moi... pourquoi m'avez-vous fait ça ?... J'vous ai rien fait !»

Le plus imposant des hommes sourit sadiquement, expliquant :

« Ton père voulait qu'on te donne la raclée du siècle pour s'assurer que tu te la fermes au sujet de ses visites ici ! »

Brad, estomaqué, appela le doorman qui les sortit immédiatement, à sa demande.

Le jeune garçon se recoucha, ce soir-là, épuisé mais toujours incapable de fermer l’œil. En regardant sa liste de client du lendemain, il sut que Charlo allait devoir beaucoup travailler. Les larmes lui revinrent une autre fois aux yeux et la culpabilité le rongea toujours autant.

9 août 2006

Chapitre 11 : La pire soirée d’une vie

« Est-ce que j’pourrais parler à Brad, s’il vous plait ? »

« HORS DE QUESTION ! ET IL N’EST PAS ICI ! »

Flavien dévisageait strictement Charles, le reconnaissant. Le petit noir savait que le petit blond était un collègue danseur de Brad. Le jeune homme était prêt à tout pour empêcher Brad de retourner dans l’enfer de la rue. La tension entre Charles et Flavien était palpable, le premier soupira, tentant de trouver les mots pour tenter de convaincre qu’il était allié, contrairement à ce que l’autre pensait.

« C’est super important… Brad est en danger et je dois vous prévenir… »

« EN DANGER À CAUSE DE TOI, OUI ! »

Charles s’écria encore plus fort.

« J’VIENS VOUS AIDER, CRISS ! FALBO VEUT VENIR LE CHERCHER ICITTE ! »

Flavien rétorqua, sèchement :

« Et c’est pour ça qu’il t’a amené ici… »

« NON ! Si j’me fais prendre à te prévenir, j’suis pas mieux que mort. Moi aussi, j’veux m’en sortir de ce milieu parce que c’est loin du rêve qu’on espérait, moi et Brad. J’suis super content que Brad est pu s’en sortir alors j’dois le prévenir pour pas qu’il se fasse prendre ! C’est super important ! »

« Ta gueule avec tes mensonges. »

Flavien claqua brutalement la porte au nez de Charles. Brad arriva dans le salon, en baillant, et demanda :

« C’était qui? »

Flavien lui fit un gros sourire et l’entoura de ses bras :

« Ne t’inquiète pas, c’était juste un témoin de Jéhovah… »

Brad se rassura et embrassa doucement Flavien sur le menton en blaguant.

« Ils n’auraient pas pu nous prendre comme membres, ils n’acceptent pas les homos ! T’aurais dû m’appeler, on l’aurait traumatisé à deux ! »

Ils rirent un moment jusqu’à ce que Brad annonce :

« J’ai quelqu’un d’important à te présenter, Flavien ! »

« Ah oui?! Qui ? »

« Allons dans la chambre… »

Ils partirent les deux dans la chambre à coucher qu’ils partageaient. Brad s’assit sur son lit et déboutonna lentement son pantalon. Lorsqu’il fut dénudé, il désigna son entrejambe :

« Flavien, c’est Charlo. Charlo, voici le merveilleux Flavien. Vous pouvez vous serrer la main ! »

Flavien éclata de rire encore une fois.

« T’as donné un nom à ça ! T’es vraiment comique, pervers ! Oui… je veux bien lui serrer la main ! »

Ils firent alors connaissance. Lorsque Charlo s’était élevé, grand et fier, Brad s’allongea la main pour aller chercher un petit poncho pour Charlo mais remarqua alors :

« Flavien… on est en rupture de stocks ! J’ai pas rien pour couvrir Charlo alors qu’il fait si froid dehors ! »

« Bah, on peut attendre tantôt alors, on ira à la pharmacie après souper. Mais on peut se serrer dans nos bras, les 3 ? »

« Ouiiiiiiii ! »

C’est ainsi que notre trio préféré passèrent la fin de l’après-midi enlacés et affectueux.

Après le repas, Brad alla mettre son tout nouveau manteau, que son compagnon lui avait donné le sien car il était trop petit pour que celui-ci puisse le porter. Flavien alla s’habiller aussi. Il faisait déjà très noir dehors même s’il n’était que 5 heures et une petite neige fondante, typique du mois de Novembre, tombait sur la ville.

Les deux gars se tenaient paisiblement par la taille en marchant, trouvant le décor trop romantique. Et une foule d’amoureux, hétéros ou non, avaient décidé de faire, comme eux, cette soirée là en faisant une promenade. La pharmacie était à peine à 5 minutes de chez Flavien, ils entrèrent après peu. Brad fonça dans l’allée où se trouvaient les préservatifs, Fllavien le suivait lentement, hésitant, avec un petit panier. L’adolescent semblait tout excité… dans le sens de complètement « speedé »…, voyant toutes les sortes qu’il présentait, énergique, à un Flavien assez troublé.

« Dis Flavien, t’en veux aux bananes Check Lui il a une forme étrange ! Ah, les traditionnels et normaux. Tiens, lui il est lubrifié spécialement pour aider la sod… »

« Brad… Franchement… On doit être en train de se faire regarder de travers ! »

« D’accord. J’mets deux ou trois paquets dedans et tu m’diras si ça te plait », répondit-il en mettant un paquet de condoms à saveur de nutella et un pré-lubrifié. Flavien ne les regarda même pas, mettant des antiacides dans le panier, très nerveux.

« Qu’est-ce que tu fais, Flav ? »

« J’veux pas qu’on passe pour des vicieux. »

« Voyons, c’est pas grave… Pleins de monde font ça de venir dans une pharmacie pour s’acheter juste des cond… Ohh! De la crème à massage ! Ça tombe bien, Charlo veut un massage ! »

Brad mit la bouteille de gel avec les autres achats et alla à la caisse, tirant Flavien qui hyperventilait vers la caisse. Brad fit un saut en voyant la caissière et donna de l’argent à l’autre.

« Prends ça… c’est pour payer… »

Brad, tout rouge, se prit un paquet de chewing-gum et la dame le reconnut quand il fut son temps de passer

« Brad! Ça fait longtemps 1,15$ pour ta gomme Comment va ta mère ? »

« Très bien, ma tante. », répondit-il en lui remettant les sous.

Il se dépêcha de sortir, laissant le pauvre Flavien, qui semblait être gêné comme tout, en dedans pour payer les trucs embarrassants. La tante de Brad dévisagea Flavien en voyant les trucs à consonance sexuelle qu’il avait acheté et eu une mine dégoûté en voyant les capotes hyper-lubrifiées pour aider à la sodomie… Flavien avait énormément chaud, se sentant très épié.

« 15,63$. Bonne soirée… »

Flavien paya et prit son sac en sortant à la course dehors. Brad était tout gêné et amena Flavien plus loin.

« Désolé, Flavien… C’était ma tante. J’l’ai reconnue mais je ne sais pas pourquoi. J’ai eu peur qu’elle sache ce que je suis. »

Flavien le rassura en le serrant dans ses bras, tentant de se remettre de ses émotions en même temps. Encore plus collés, ils reprirent la route vers la maison quand un jeune homme vint les aborder. Brad avait l’impression de bien le connaître. Sans prévenir, l’inconnu sauta dans les bras de Brad et l’embrassa sur la bouche, Flavien semblait fâché de ce geste et Brad tentait de le repousser. L’homme finit par le lâcher en lui disant, les yeux pleins d’eau :

« Tu m’as manqué, chéri… J’ai tellement eu peur pour toi, mon petit Brad… »

Brad resta sur le choc.

« Mais, qui êtes-vous? »

« Voyons ! Tu te souviens pas de moi ? Je suis Falbo, ton amour ! »

Brad et Flavien figèrent. Brad avait un chum avant de se faire agressé ? Brad ne comprenait plus rien, serrant fortement la main de Flavien, effrayé de perdre l’homme si cher pour lui. Falbo le vit, semblant déçu, il baissa la tête et poursuivit :

« C’était donc pour ça que tu as disparu… tu ne voulais pas que je sache que tu t’étais trouvé quelqu’un d’autre. Mais j’t’aime si fort, Brad !! Et toi aussi tu m’aimais tellement !! Pourquoi t’es parti ?? On m’a dit à l’hôpital, quand j’ai (Toussotte) rencontré un stagiaire, que t’étais amnésique… Comment t’aurais pu m’oublier, voyons, Brad ! »

Brad se sentait alors mal en observamt Falbo qui pleurait presque devant lui. Il se trouva alors salaud. Sa main quitta celle de Flavien avec regrets. Il expliqua :

« Flavien… J’t’aime tellement… Mais c’est tellement salaud de ma part de le laisser tomber, même si ça me fait mal de savoir que je dois renoncer à toi… J’t’adore… »

Flavien était tout ébranlé en disant alors, d’une voix brisée qui retenait ses pleurs :

« J’te comprends… Fait ce que tu veux… Tu viendras chercher tes trucs demain… »

Brad lui lança un regard douloureux tandis que Falbo l’entraînait plus loin. Il le fixa durant de longues minutes jusqu’à ce qu’il le perde de vue. La ville sembla si sombre, la petite neige s’était transformée en une pluie glaciale qui gelait autant la peau que le cœur. Falbo reconduit Brad dans le trou où ils logeaient normalement et prit possession de son corps malgré les protestations de l’adolescent. Ce dernier pleura alors toute la soirée et, lorsqu’il vit Falbo se droguer non loin, il demanda comme une plainte :

« T’as pas… De quoi pour… Me faire oublier la peine… »

Falbo sourit intérieurement et sadiquement, sortant un petit sachet de poudre qu’il donna à Brad :

« Tiens, j’t’en fais cadeau pour ce soir… C’est de l’héroïne, j’vais te montrer comment en prendre… »

Falbo lui expliqua puis Brad en consomma, oubliant un moment ses problèmes, se sentant planer loin de ses problèmes un moment. Il finit par s’endormir. Charles entra de la soirée au bar et vit son ami ainsi. Il se sentit mal d’avoir laissé l’autre lui faire du mal.

******************

Pendant ce temps, Flavien pleurait chez lui, comme un fou, une lame lui transperça le cœur. Il trouva par terre, comme si Brad l’avait regardée un peu puis rejetée, la carte d’assurance maladie de Brad. Flavien remarqua alors que Brad n’était pas le gars de 18 ans qu’il se disait être mais un adolescent… presque un enfant, de 15 ans… Se sentant doublement trahi, la crise de larmes de l’homme s’intensifia, les sanglots devenant bruyants.

Le vent faisait claquer les vitres et cette nuit de novembre, pleine de douleur, continuait de passer lentement. La nature avait décidée de se plaindre elle aussi, soutenant les deux amants séparés…

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9 août 2006

Chapitre 10 : Vie commune

Tôt, ce matin-là, Brad fut réveillé à cause du cadran qui hurlait. Protestant un peu mentalement et verbalement, l’invité alla cesser l’alarme dérangeante qui venait lui détruire les tympans, puis se recoucha, refermant les yeux, pour tenter de replonger dans son sommeil si douillet. Flavien se réveilla, lui, et rougit instantanément en ouvrant les yeux lorsqu’il constata la proximité de Brad. Ce dernier bafouilla quelques excuses, embarrassé, et tenta la stratégie d’un mensonge :

« Désolé… J’ai pas pu me retenir… J’avais si froid… »

Flavien haussa un sourcil. Pourtant, sa chambre était d’une chaleur étouffante en temps normal mais bon, ça ne le dérangeait pas tant que ça… Il rassura l’autre homme et arrêta de nouveau ce putain de réveille-matin qui avait décidé de sonner, avant de se rallonger tout près de Brad. Celui-ci en fut vraiment étonné :

« Qu’est que tu fais ? »

« Je me recouche… C’est samedi, donc j’ai congé! »

Brad apprécia beaucoup de ressentir le corps de l’autre homme contre le sien, les mêmes flashs rejouaient dans sa tête, mais il avoua, avec timidité :

« Le sofa m’a vraiment marqué, je crois. Il me ramène un tas de souvenirs coquins que je n’arrive pas à chasser. »

Flavien s’empourpra jusqu’à tous les poils de son corps. Il ajouta, avec un malaise, que lui non plus n’était pas capable d’arrêter d’y penser. Les deux se mirent à rire nerveusement, comme pour essayer de briser le poids de l’embarras. Jusqu’à ce que Brad questionna, le teint aussi rougi :

« Dis… On se sent comment quand on aime quelqu’un? »

Les deux cœurs battaient, en même temps, de peur, d’excitation à la fois. Les garçons espéraient, plus fort que tout, de ne pas briser sans le vouloir une belle complicité à cause de la douleur d’un rejet. Flavien se força de répondre le mieux qu’il pouvait, ne sachant pas quoi lui répondre.

« C’est dur à expliquer le béguin, c’est juste indescriptible. À vrai dire, tu te sens tellement bien avec la personne que tu crois aimer, autant que t’en oublie tes soucis et que ton seul vœu devient de te rapprocher d’elle avec le cœur courant un marathon. C’est… intense… »

Il sourit, les yeux fermés, la tête blottit contre la poitrine de Flavien qui n’eut aucune opposition, lui caressant les cheveux avec une infinie douceur. Le silence pesait, personne n’osait gâcher le moment avec une déclaration qui serait sûrement déplacée. Brad ouvrit les paupières pour ensuite déposer un baiser exquis, délicat comme le toucher d’un papillon. Les deux furent étonnés, Flavien par le baiser et Brad par la réponse. Alors ils commencèrent à se dévorer avec une plus grande passion. Cependant l’autre finit par briser le baiser pour souffler, à quelques centimètres du visage de Flavien :

« Je crois que je t’aime, alors… »

Ils repris le geste avec émotion, avec tout l’amour brûlant en eux. Ils remercièrent le ciel de ne pas être rejetés et rien ne vint s'objecter quand la main de Brad vint caresser le bas du dos de l’autre.

Ne suivant que leur désir, les vêtements inutiles tombèrent par terre. Brad dévoilait sans trop de gêne ses blessures encore inconnues, espérant que l’affection les guérirait. Les cœurs consumaient une forte envie de l’autre, de le goûter, de le caresser. Les mains et les lèvres prirent un temps fou pour découvrir la constitution de l’autre, à adorer et gâter chaque petite parcelle de chair.

Ils finirent par s’unir et ce fut les retrouvailles de deux corps qui s’étaient recherchés depuis des années, quand ils cherchaient d’être aimés par une personne aimée, et communièrent avec un grand plaisir. Les souffles étaient chauds, emplis de mots d’amour. Ils furent transportés dans un endroit magnifiquement extasique, croyant avoir atteint un paradis suprême, et c’est enlacés qu’ils revinrent tendrement sur terre, avant de s’assoupir un moment.

Quand Brad se réveilla, il lui prit quelques minutes au moins pour se convaincre qu’il ne venait pas de rêver, que c’était bel et bien la tête de Flavien qui était sur sa poitrine. Le cœur battant de bonheur, l’adolescent se remémora sa première rencontre avec son nouvel amoureux, du sentiment très fort qui l’avait saisi et qui le saisissait encore. Brad, songeur, vint déposer un doux bec dans les cheveux de l’autre homme qui était collé à lui. Celui-là ouvrit les yeux à son tour, lui offrant le plus radieux des souvenirs. Puis il constata :

« J’me suis jamais senti aussi bien. »

Flavien semblait brûler d’un désir fiévreux qui ne semblait pas avoir été consumé entièrement malgré la séance de jambes en l’air qu’ils s’étaient offerte. Brad remarqua, espérant fortement que se soit de l’amour. Il embrassa paisiblement l’homme dans ses bras avant que celui-ci confirme ses espérances.

*******************************

La semaine que Brad passa chez Flavien fut savoureuse. Ils partagèrent plusieurs autres petits bisous sous la couverture, et souvent ailleurs aussi beaucoup de câlins mais peu de copulation pour un jeune couple. Cependant, ça ne dérangeait aucun des partenaires, ceux-ci préférant privilégier une relation plus tendre que sexuelle. Brad n’avait pas retrouvé tous ses souvenirs mais, après tout, il n’avait pas besoin d’eux pour savoir qu’il n’avait jamais été aussi heureux de sa vie. Cette semaine lui a semblé être comme un cadeau. Flavien était vraiment charmant, beau, attentionné, généreux aussi que… sexy. Brad se sentait tellement comblé avec lui et ne lui trouvait aucun défaut. Flavien, de son côté, adorait Brad tout autant.

Voilà, tout se passait comme un conte de fées pour l’hôte et son invité, liés maintenant par de grands sentiments. Cependant, comme dans chaque histoire,
le loup, ou le renard, dépendamment des histoires, rodait pas bien loin. Alors, dans son trou, Falbo rageait par l’absence de nouvelles de Brad. Charles tentait de le contenir mais ‘’le grand méchant Falbo’’ explosait fortement :

« Je suis prêt à gager que ce crétin de Spitfire se trouve en ce moment avec ce criss de Bouchard ! Après tous mes avertissements en plus ! Ils vont voir, j’vais leur rendre une petite visite après souper, quitte à ce que je rate la danse ! »

Charles s’y opposa vivement, tentant de protéger son meilleur ami, mais Falbo le fit taire d’un violent coup de point au ventre. Le tyran poursuivit :

« Je vais les visiter ce soir, j’ai dit ! Tu ne m’en empêcheras pas ! J’irai ramener ce foutu Brad ici. Il a choisi une vie de pute avec nous, qu’il assume ! »

Falbo, furax, partit de ce pas rejoindre un client tout en pestant. Charles fouilla dans ses affaires pour trouver le carnet d’adresses des clients de Falbo et y dénicha celle de l’appartement de Flavien. Charles enfourcha don sa bicyclette et traversa la moitié de la ville.

9 août 2006

Chapitre 9 : Un nouveau chez soi

Une journée passée depuis son agression sauvage, l’on fit passer des tests à Brad pour savoir s’il était apte à sortir de l’hôpital. Et puisque que la pénurie de lits faisait rage, en ce période de grippe, on était prêt à sortir vraiment n’importe qui.

L’infirmière ausculta Brad sans porter attention plus qui ne le fallait à son état. Elle avait reçu l’ordre catégorique débarrasser la chambre du patient, peu importe s’il allait bien ou pas. La dame de santé fit mettre Brad sur ses pieds pour vérifier sa marche. Ce dernier était chancelant et s’agrippait à tout afin de ne pas trébucher. Ses jambes étaient encore faibles mais l’employée n’y vit aucun danger et aucun inconvénient pour lui.

« Félicitations, dit-elle, sèchement. Vous avez votre congé de l’hôpital. »

Le ton formel vint blesser le faible Brad. Vacillant, le pauvre regagna son lit lentement, maudissant la nurse car véritablement, il n’était pas près de partir, ses membres inférieurs le lui interdisaient par leurs douleurs. D’une voix aussi faible et incertaine que ses pas, le patient implora :

« Je vous en supplie, gardez-moi encore un peu. Juste un peu. Je n’ai même pas la force nécessaire pour rester debout un petit bout… et je n’ai nulle part où aller. S’il vous plait… »

Le regard impassible de la garde-malade ne devint pas plus tendre et elle refusa la demande désespérée du patient. Celui-ci se leva avec peine, rassemblant ses moindres effets personnels : son petit sac de vêtement. Il eut peine à le mettre sur ses épaules et marcha de sa démarche titubante, de la minuscule chambre blanche lui ayant servie de refuge durant 14, trop courtes, heures. Intérieurement, l’itinérant haïssait le maudit système de santé à deux vitesses, favorisant encore les gens aisés au détriment des classes les plus basses de la société. Le monde n’a pas encore changé. Enfin, il n’avait jamais changé. Brad ravala sa rage intérieure ainsi que toute sa détresse. Il ne voulait absolument pas reprendre sa vie de clochard et de prostitué mais, il n’avait pas d’endroit où s’accrocher et savait que, tôt ou tard, son ancien mode de vie viendrait le reprendre. Brad regardait autour de lui, les lieux ne lui donnaient aucun souvenir mais ils leurs semblaient familiers.

Le cœur de Brad s’emballa de peur alors qu’il tentait de trouver quelques parcelles de mémoires pour lui trouver une solution. Alors qu’il était déconcentré, il fonça directement dans un jeune homme vêtu de blanc comme s’il serait un médecin. Sous le coup, le blessé tomba par terre, l’étranger l’aida à se relever, un peu rouge, tout en s’excusant :

« Désolé, je suis en stage, je suis pressé. »

Un vieil homme, plus loin, appela l’étranger :

« Tu viens, Mathieu? Arrête de flâner! »

Le stagiaire vit que Brad n’arrivait plus à se tenir debout. Mathieu demanda à l’autre de l’attendre et il assit Brad dans la salle d’attente un moment alors qu’il lui cherchait une chambre en vain. Quand il revint, Brad dormait, reposant ses yeux, ses frémissantes jambes. L’inconnu haussa des épaules et retourna au loin.

************

Flavien avait travaillé d’arrache-pied toute la matinée au magasin, tous ses muscles le faisaient souffrir à cause des très lourdes caisses de livres qu’il avait manipulés au magasin. C’était toujours comme ça quand le prodige et mystérieux écrivain à la mode, Stéphane Côté, sortait un livre. La librairie en commandait des milliers d’exemplaires et Flavien se retrouvait avec des courbatures par tout ce poids. En fait, Flavien n’est sensé n’être que caissier dans le magasin de livres mais on le faisait aussi soulever des boîtes d’exemplaires sur de bases régulières.

Un tel travail forçant l’épuisa mais il ne perdit pas de son énergie pour demander à son patron une demi-heure de pause après dîner pour aller voir un ami à l’hôpital. Le boss, compatissant, lui accorda sa demande, alors, le jeune caissier se jeta, après avoir mangé brièvement, dans sa voiture, en direction de l’hôpital. Flavien avait passé la matinée à s’inquiéter pour son protéger. Enfin, il pourrait avoir des nouvelles de lui. En courant dans le stationnement du centre hospitalier, Flavien se mit à craindre que le système avait déjà relâché Brad dans la rue sans aucune ressource juste pour donner un lit à une personne plus fortunée.

En ouvrant la porte, essoufflé, il sentit un soulagement énorme le gagner en apercevant son ami endormit dans la salle d’attente de l’hôpital. Le plus vieux s’émeut un peu devant un tel décor, le trouvant très mignon. Il se dit qu’il ne pouvait pas le laisser retourner dans son monde de souffrance, seul et démuni. Il se devait de le protéger et de l’empêcher de retourner dans la rue. Flavien le réveilla doucement mais Brad sursauta pareil en souriant lorsqu’il vit l’autre garçon qui le salua :

« Bonjour! »

Brad s’étira un peu et lui répondit. Flavien ne se fit pas prier pour proposer :

« J’peux t’accueillir chez moi, si tu veux. Tu y dormiras mieux que sur un banc. »

Brad accepta en se levant, toujours aussi faible. .Flavien le prit par la taille et l’aida à marcher jusqu’à la voiture. En route, Brad, qui avait les yeux fermés, fit un grand sourire et avoua, rougissant :

« Je suis heureux quand t’es là… J’ai l’impression de ne pas être abandonné. »

Flavien s’empourpra, modeste. Ils arrivèrent bien vite à l’appartement et Flavien lui fit faire une visite éclair, question de lui montrer où se situent les toilettes et le garde-manger. Brad figea en voyant la douche ainsi que le salon. Flavien, inquiet de le voir ainsi, lui demanda si tout allait bien. Brad se mit alors à rire nerveusement et avoua, gêné :

« Ça va très bien! J’viens juste d’avoir un flashback assez chaud de nous deux. »

Flavien se sentit alors virer au rouge jusqu’à la racine de ses cheveux, l’effet de sa déclaration. Finalement, il lui montra sa chambre.

« Tiens, tu peux dormir ici, t’aurais la paix. Reste aussi longtemps que tu veux. J’dois retourner travailler alors sers toi si t’as faim ou soif. Enfin… fais comme chez-toi! »

Brad le remercia de tout son cœur et s’étendit sur le lit, rêveur. Flavien le contempla quelques secondes et repartit, le cœur battant fort. Brad entendit la porte se refermer et tenta de s’endormir.

Cet après-midi là, Brad eut peine à dormir, les visions osées qu’il avait, représentant lui et Flavien, l’obsédèrent. Il dut se vider de son surplus d’hormones avant de réussir à s’assoupir un peu, le souffle rapide et le corps refroidi par la sueur.

Lorsqu’il se réveilla, il devait être trois heures du matin. Brad avait un peu la gorge sèche donc il sortit de la chambre pour se prendre un verre d’eau. En passant dans le salon, il vit Flavien profondément endormit sur le futon, en mode lit et qui était aussi grand pour deux personnes. Brad ne put s’empêcher de trouver son hôte magnifique et d’avoir envie de le rejoindre dans ce lit trop immense pour une seule personne. Après s’être désaltéré, Brad ne put résister plus longtemps à la tentation et se glissa tout près de l’endormit, sous les couvertures. Brad rendormit rapidement, bercé par toute cette chaleur s’émanant de l’autre homme, qui lui réchauffait le dedans, ainsi que le parfum que portait Flavien, et qui le faisait rêver à en perdre la tête. Brad fut transporté dans les bras de Morphée, heureux comme il ne l’avait pas été depuis longtemps.

9 août 2006

Chapitre 8 : Néant de blanc

Note : POV


« Docteur… Docteur… il se réveille! »

Ce fut les paroles que j’entendis lorsque j’ouvris les yeux. Autour de moi, tout était blanc. J’avais peine à discerner les ombres des hommes que j’entendais autour de moi. Une seule se découpait, se prévalait entre toutes. Un homme au gilet noir. Après une trentaine de seconde, je pus le voir vraiment avec une certaine précision. Il me regardait fixement, le regard triste. Malgré tout, je pouvais voir un sourire sur ses lèvres que je devinais jolies.

« Enfin… j’ai tellement eu peur pour toi, avoua-t-il. »

J’essayai de lui sourire aussi et j’y parvins. Alors, à mon plus grand plaisir, je vis son visage s’illuminer d’une énorme bonté. Mon cœur s’emplit donc de joie… Plus ma vue devient précise et plus je le trouve mignon. Et son sourire… oh mon dieu… Je suis peut-être mort, ça expliquerait alors tout ce blanc. J’hallucine où il vient de me toucher? C’est tellement doux. J’adore sa main sur ma joue. Il pleure avec un sourire? Je ne comprends pas.

« Brad… »

Brad? Qui est Brad? Euh… qui suis-je, moi? Il me regarde avec insistance. J’vais essayer de parler aussi…

« euh… Qui êtes-vous, un ange? Suis-je mort? »

Ah non, ça y est, je l’ai déçu… Voyons, je me sens bien mal en dedans juste à voir sa mine… souris, allez… ah, c’est mieux. Seigneur que tu es mignon. Encore cette douce main… ahhh.. J’ai l’impression que ta main m’apporte une immense paix intérieure. Tu vas parler?

« Ça va aller, Brad. T’es peut-être juste un peu amnésique à cause du coup que t’as reçu sur la tête… »

Amnésique? Je serais donc en vie… Donc, tout ceci serait réel. Ce blanc… ce doit être un hôpital… mais pourquoi? Je n’en sais rien. Enfin, les hommes blancs partent! J’vais pouvoir être finalement en paix avec ma belle découverte. Je suis sur que tu n’es pas humain. Tu es trop beau et trop doux. Non, tu n’appartiens pas à la race des hommes pour sur. Ah non, je fonds sous ton sourire. J’ai l’impression de m’être réincarné en pop-cycle ou autre…

Tu as une si belle voix. Quel est ton nom, petit garçon? Je dois trop connaître le nom de l’instrument qui produit de si belles notes.

« Brad, c’est moi? Et toi? Qui es-tu? »

« Oui c’est toi… Moi, c’est Flavien! »

« Enchanté! »

Flavien… un si beau nom… J’aime ses syllabes, ce nom… J’adore tellement. Je sais que le temps n’est pas à la rêverie mais je n’arrive pas à m’en empêcher. Tu as l’air d’un brillant chevalier, même si j’ai oublié la définition de ce mot. Tu es viril mais possède encore plus d’amour dans tes yeux que dans celui d’une mère. Tu recommences à parler?

« Tu t’es fais attaquer, hier soir. Je t’ai trouvé inconscient près de chez-moi quand je me suis inquiété. Tu avais rendez-vous chez-moi. »

Ah… c’est donc ça… Mais, je n’en sais pas assez encore sur moi…

« Peux-tu me parler de moi, s’il te plait? »

« D’accord… »

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Il semble si vulnérable, si innocent comme ça… si mignon. Ça me chamboule de le voir d’une telle manière, sans se rappeler même qu’il est. Et ça me rassure quand je sais qu’il allait se remettre tranquillement son traumatisme crânien.

Je me racle la gorge, quelques petits toussotements, pour m’éclaircir la voix. Je ne sais pas trop quoi dire, comme je ne savais si peu de lui mais j’essaye d’enterrer l’indisposition en prenant un respire avant d’entamer son histoire :

« Bon, pour te dire, je te connais pas vraiment depuis longtemps mais je vais quand même essayer avec ce que tu m’avais raconté… Bon tu t’appelles Brad Spitfire, tu m’as dit que tu avais 19 ans. T’es un adolescent assez réservé, solitaire. Tu viens d’une famille assez riche et méprisante. Puis euh… ah ouais, t’es homosexuel. »

Je me demandais comment il réagirait au coté sombre de ce qui se passait dans sa vie. Je choisis d’y aller tout en douceur pour la suite. Néanmoins J’essaye d’être plus clair par la suite, sans rien lui cacher. Il faut qu’il se souvienne. Ça m’inquiète de le voir comme ça, avec aucune mémoire pour l’instant.
«Il a quelque temps, t’es tombé dans la rue, t’as fugué de chez toi… j’imagine que ça devait pas aller très très bien et que tu t’y plaisais pas…. et tu vends ton corps depuis pour survivre avec des amis. »

Je m’arrête un moment pour saisir sa réaction. Il a l’air d’avoir mal physiquement, il a une expression charmante d’absence, rêveuse qui lui donne l’air de ne pas comprendre totalement ce que je lui ai dit.

«C’est tout ce que je peux te dire en gros… On s’est connu comme ça... Je le revis encore… c’était trop merveilleux, t’étais trop beau… je sais que c’est mal m’attacher à toi, mais j’y peux rien… »

Il a l’air déprimé alors a finalement compris. Ses yeux, implorant, s’emplirent d’eau. Il s’agrippa à ma manche et me suppliait.

« J’t’en prie… Dis-moi que je ne suis pas comme ça pour vrai… Je ne peux pas être aussi monstrueux! »

En voyant le désespoir prendre possession de son être, j’ai soudainement envie de le prendre dans mes bras et lui inventer une vie. Une belle vie parfaite où il serait le prince et, moi, le serviteur… ou l’inverse, si ça lui chante. Mais, cette idée est irrationnelle. Je dois lui dire que tout n’est pas perdu, que tout n’est pas trop tard pour se prendre en main!

« Écoute, Brad… Je suis d’accord pour dire que c’est une existence difficile mais rien n’est impossible. Tu peux revenir dans le bon chemin… Saches que je serai toujours là pour t’aider. »

Je crois avoir trouvé les bons mots. À mon plus grand étonnement, il m’attire plus près pour se blottir dans mes bras. Il est tellement mignon… Je sens sa joue se coller contre ma poitrine et je l’étreins fortement. Je pouvais très bien sentir son rapide pouls et ça me rendait dingue, mon désir pour lui s’accroissant. Il me demanda :

« Quand j’vais sortir d’hôpital, est-ce que tu peux me prendre chez toi? J’ai peur de me retrouver seul… J’ai peur de redevenir ce monstre. »

Je lui souris. J’ferais n’importe quoi pour qu’il soit heureux et, de plus, rien ne me rendrait plus joyeux que sa présence à mes côtés. Je lui caresse la joue tout doucement, la plus grande tendresse m’envahissant.

« C’est d’accord. Ça va être un plaisir. »

Il m’envoya un de ses sourires, je vous dis. J’aurais pu en fondre de joie. Or, à ce moment précis, ma montre se mit à sonner. J’ai dû me lever, à regrets, et expliquer :

« Je dois partir travailler… Prend soin de toi. »

Alors, il me prit fortement le bras et le serra contre lui pour arrêter ma marche. Ses yeux grandirent et s’emplirent d’eau. Il me supplia :

« Dis… Tu vas revenir, hein? »

Je lui souris.

« Je reviendrai tout de suite après, quand mon quart de travail au magasin sera terminé. Prend soin de toi. »

Il redevint heureux et je le saluai. En passant devant la réception, j’lui commandai un pot plein de fruits. Je suis sur qu’il appréciera. J’ai tellement hâte de revenir le voir… Voyons, quel genre d’obsession est en train de me posséder? Je suis en train de m’attacher fortement? Est-ce de l’amour?

9 août 2006

Chapitre 7 : Coming out non voulu.

L’après-midi passa en un éclair pour l’homme désormais heureux qu’était Brad. À l’idée qu’il quitterait cet endroit méprisant dans un mois, Brad avait repris toute la joie qu’il n’avait pas éprouvée ces derniers temps. Tout joyeux, l’adolescent entra dans la loge du bar qu’il détestait tout autant pour donner la plus belle prestation de sa vie. C’était la soirée « spéciale policiers… on se montre la matraque ! ». Lui et Charles sortirent de la garde-robe deux uniformes à leur grandeur quand Falbo arriva enfin, assez en retard. Charles prit vite de ses nouvelles lorsqu’il s’aperçu qu’il boitait.

« FALBO! Ça va pas? »

Falbo s’assit sur un banc, douloureusement, regardant en paranoïaque et avec cruauté.

« J’viens de pogner un osti d’sado-maso. Quel malade ! »

« Dans ce cas, j’vais dire au boss que t’es pas en état de… »

« Mêles-toi de tes criss d’affaires, Charles Patenaude, interrompit Falbo, en se fâchant contre lui. J’peux encore me foutre à poil, à ce que je sache… alors, j’peux encore travailler. Tes commentaires, tu peux les garder pour toi, imbécile. »

Les deux adolescents furent surpris par les sautes d’humeurs de l’adulte et décidèrent de le laisser tranquille pour qu’il se calme. Ils allèrent tous les deux dans la douche commune et dès que le bruit de l’eau devint assez fort pour masquer leurs voix, Brad lâcha :

« Ouin, monsieur n’est pas dans son assiette ! »

Charles répondit, en blaguant :

« Ne l’écoute pas, c’est un mal-baisé ! »

Falbo, ayant une ouie très fine, capta toute la conversation et gueula :

« Ta yeule, Patenaude, ou bien j’te rentre la matraque qui viens avec mon uniforme dans l’cul. On va voir c’est qui qui va rire ! »

Les deux jeunes se regardèrent un instant avant de pouffer rire comme des fous. Falbo, rouge de colère, claqua la porte, s’en allant donner son show beaucoup en avance, sans s’être lavé. Les deux gars le rejoignirent quelques minutes plus tard.

Brad fit son entrée en scène sous les applaudissements d’un public en chaleur. Comme d’habitude, le petit était la coqueluche du groupe d’hommes qui étaient venus. Brad reconnut, au premier rang, sur la table en face de lui, Flavien. Sans même avoir eu le temps de se trémousser un peu, l’adolescent fut appelé par l’homme qui lui a servit d’amant ce matin.

Flavien semblait très heureux de revoir Brad. Ce dernier lui offrit un strip-tease vraiment langoureux malgré qu’il ne puisse pas s’enlever de la tête l’avertissement de Falbo. Flavien donna un très bon pourboire à Brad, lorsque la danse fut terminée, et lui souffla à l’oreille :

« J’ai pas pu m’arrêter de penser à toi toute la journée. »

Brad rougit totalement pour se mettre ensuite à sourire bêtement. Il avoua :

« Moi non plus. »

Flavien rit un peu, d’un rire plutôt nerveux, le regard un brin gêné, et l’autre semblait tout aussi mal à l’aise que lui. Flavien, rassemblant tout le courage qu’il pu, proposa :

« Si tu veux, tu peux venir prendre un café chez moi après… »

Brad eut toute l’envie du monde d’accepter mais la voix insistante de Falbo ne le quittait pas. Désolé, il dut décliner :

« J’m’excuse, ce ne sera pas possible… »

Brad se releva alors et se rhabilla, triste, il partit rapidement de la table pour ne pas se mettre à pleurer. Soudain, quelques hommes, vêtus et l’air comme des hommes d’affaires importants, appelèrent Brad à leur table. Le jeune eut le pressentiment de déjà les avoir vus mais le souvenir était flou dans sa tête. Brad commença à se dévêtir devant eux comme ils l’avaient demandé. Il en entendit un crier, alors qu’il n’était plus qu’en speedo moulant : « Aye, Jerry, vient voir le beau gars qu’on a appelé! ». Le Jerry en question arriva soudain et Brad figea. Il dansait devant les collègues de son paternel depuis tantôt et celui-ci venait de le voir. Paniqué, Brad voulut s’éloigner mais Jerry le prit par le poignet :

« Voilà donc où tu te caches depuis une semaine. »

Brad se débattit pour s’enfuir mais Jerry le poussa fortement contre le mur tout près et lui asséna un violent coup de poing au ventre.

« Tu me déçois, fils ! Tu n’es qu’un sale pédé !! »

On entendit la foule autour, en majorité homosexuelle, se retourner et regarder Jerry avec des gros yeux tout en chuchotant des insultes sur le businessman à leurs voisins. Brad répliqua :

« T’es pas mieux que moi, merde, t’es venu ici. C’est à toi que j’devrais renvoyer l’insulte ! »

Le public gay applaudit le jeune garçon, fit savoir son appui en l’encourageant. Jerry s’enragea encore plus et se mit à frapper brutalement à coups de pied sur son fils. L’entourage s’indigna automatiquement mais personne n’avait le courage de s’avancer pour l’aider… sauf Flavien. Ce dernier prit Jerry par le collet de la chemise et l’assomma d’un coup de poing hargneux. Un doorman vint récupérer le corps temporairement inerte de Spitfire sénior pour le jeter dehors. Une grande ovation vint féliciter Flavien, le nouveau héros de la soirée. Tout de suite, le patron donna congé à Brad et paya une chère consommation aux deux. Flavien était timide face à un tel honneur mais invita son protégé à sa table. Brad accepta mais, dès qu’il parlait à Flavien, il avait tout de suite dans la tête l’image trouble du jeune homme enduit de nutella. Un peu traumatisé, il demanda :

« Euh… Dis, c’est vrai que tu es nutello? »

Flavien fut surpris, sans comprendre :

« Nutello? »

« Bien oui… enduire le corps de ton partenaire ou le tien de nutella avant de baiser… »

Flavien se marra, riant jusqu’aux larmes, incapable de s’arrêter. Il trouvait ça tellement ridicule comme idée.

« Hahaha… voyons, ça vient d’où cette histoire ? Hahaha »

Brad se sentit soudainement empoté. Il baissa la tête, écarlate.

« Ben… C’est Falbo qui m’a dit ça… il m’a aussi dit que t’étais un manipulateur et un pervers… »

Flavien alla pour rire mais vit que Brad était mal à l’aise. Il le rassura comme il pu.

« Voyons, Brad… j’ai vraiment l’air d’un pervers ? Si j’voulais que tu vienne chez moi, c’est parce que je te trouve sympa… je n’ai pas l’intention de te sauter après et te mordre les coudes ! »

Brad se sentit un peu plus réconforter, souriant à ces paroles.

« Tu sais, ton invitation de tantôt, celle où tu voulais que je vienne prendre un café chez toi… j’crois que je vais l’accepter ! »

Le visage de Flavien devint rayonnant de joie.

« Cool, c’est gentil ! Tu viens quand? »

Brad se leva, tout joyeux.

« Tout de suite. T’as juste à venir me rejoindre. J’vais aller chercher un gilet plus chaud ‘’chez-moi’’. Je me dépêche ! »

« D’accord ! À tout de suite ! »

Les deux hommes quittèrent le bar dans deux directions différentes. Brad courut pour se rendre au trou pour mettre son coton ouaté, il prit aussi son sac, amena du linge de rechange et son ourson aussi, au cas où… Après avoir ramassé ce qu’il avait besoin, il se mit en route vers l’appartement de Flavien.

9 août 2006

Chapitre 6 : Opposition

« J’suis de retour ! », cria Brad en entrant au trou. Il avait un énorme sourire plaqué au visage et les bras chargés de sacs, tous remplis de vêtements. L’adolescent se laissa glisser sur son sleeping bag et sortit une peluche d’un d’entre eux. Doucement, il aspergea l’ourson d’un jet de parfum avant de le serrer contre son cœur, rêveur, absent de la réalité. Falbo, un peu surpris de son air radieux, vint le voir.

« Ouais, on dirait qu’ça va bien ici. »

Brad roula des yeux, qui devenus soudainement très brillants, et dit, d’une voix lointaine : « Ouaaaaiiiissss! »

Falbo comprit pourquoi en le voyant agir, faisant des câlins fervents au petit nounours. Cependant, il reprit vite son expression habituelle et sévère en demandant froidement : « J’espère qu’c’est pas ton client qui t’as mis dans cet état. »

Brad eut l’impression de sortir de manière précipitée de son rêve, de retomber de son nuage d’un coup en jetant un coup d’oeil à Falbo qui le fixait avec une certaine arrogance. Brad, honteux, se cacha dans son sleeping bag en niant : « Non… »

Falbo remarqua tout de suite le mensonge et quelque peu fâché, il sortit Brad, par le collet, du sac de couchage pour le forcer à le regarder dans les yeux. Le jeune n’avait jamais eu aussi peur de son protecteur, qu’il en tremblait de peur.

Puis il le gifla fortement en s’exclamant : « Idiot !! Il ne faut jamais s’amouracher des clients !! Non, mais, faut tout te dire, toi, me semble que c’est évident ! Qu’est-ce que vous avez fait ?! »

« Rien… on l’a seulement fait une fois, assura faiblement Brad. Il m’a payé, et on est allé au magasin parce-que j’avais besoin de vêtements. Rien d’autre… J’te jure qu’on a juste fait ça ! »

Falbo fut encore plus enragé dans son sermon : « Tu es fou, criss !! Tabarnark, on ne les connaît pas ces clients-là, faut être prudent avec eux !! Tu fais ta job et tu pars. Ce n’est pas compliqué, innocent ! »

« Mais… y’ était si gentil et galant, lui… »

« Raison de plus pour te méfier, maudit cave. En plus, Flavien il n’est pas comme ça pour vrai. Il est super correct au début et, quand la confiance est installée, il veut des passe-droits pour payer moins cher, des pratiques sexuelles vraiment dégueulasses… »

Brad s’étonna de ce qui lui dit, ne pouvant pas le croire. Il le coupa : « Pratiques dégueulasses ? »

« Ouais, comme uro, nutello… »

« Nutello ? »

« Ouais, s’enduire de nutella et baiser de même. Y a pas honte de souiller cette substance pure ! »

Il fut horrifié par cette vision, ne pouvant pas s’imaginer qu’il était comme ça. Falbo rajouta :

« En plus, il a le fétichisme des coudes. Y aime les mordre, les pincer pis il n’est pas capable de bander sans en voir un nu »

Traumatisme général chez le jeune garçon.

« Écoute, c’est pour te protéger que je dis ça… »

Brad refoula ses larmes quand l’autre joue fut atteinte par la main farouche de Falbo. À ce moment, Charles entra. Voyant la scène, il saisit la main de Falbo avec poigne pour l’avertir : « Criss, t’es cave, toi ! Laisse-le tranquille ! Si tu recommences à lui faire mal, j’vais t’fendre la tête, ok ?! »

Falbo répliqua pour se défendre : « J’essaie de lui ouvrir les yeux ! Il s’amourachait d’un client, figure toi ! »

Charles resta de glace.

« Et puis? Fous-lui la paix, merde. Il va faire ses propres erreurs et apprendre d’elles. »

Falbo tenta de se calmer, vainement et envoya un regard noir aux deux gars : « J’savais donc que j’aurais jamais dû accepter que vous viviez ici avec moi. Vous êtes pires que des enfants ! »

Falbo ramassa son manteau puis sortit, en colère. Charles vint enlacer le jeune, qui pleurait alors, pour le rassurer : « Écoute-le pas… yé jaloux… »

Brad éclata en sanglots. Il demanda, désemparé :

« Charles… Pourquoi j’pleure pour Flavien?! »

« Parce que, tu le trouvais de ton goût… »

Brad fut excessivement troublé, tremblant fortement. Charles le prit dans ses bras avant que son ami avoue :

« J’veux pas l’être… j’veux pas être gay… »

« Ce n’est pas un drame… moi, je suis bien bi et ça ne change rien à ma vie comme tel! »

Brad ne répondit pas, nichant seulement sa tête sur l’épaule de l’autre. Ce dernier lui sourit : « Raconte-moi… Était-il gentil et doux? Il était si génial que ça ? »

Brad essuya ses yeux du revers de la main et fit un très grand sourire à son ami. En pensant à Flavien, Brad devenait rayonnant de bonheur et semblait un million de fois plus beau. Ses yeux s’illuminaient pensivement et son teint blême devenait plus rosé. Une vraie métamorphose !

« Oh Charles, si tu savais comment il peut être beau et serviable. Jamais personne ne m’a fait autant d’effet que… il est… si doux… il sent si bon… j’aime tellement tout de lui. Il me rend si heureux… Voyons… Charles ? Pleures-tu ? »

« Ne-Non!... juste une graine dans l’œil… »

Il utilisa cette excuse stupide et passa la manche de son chandail près de ses yeux rougis, soudainement gêné d’avoir versé une larme. Il lui sourit tristement, poursuivant : « Je te crois… mais ne te fies pas trop aux apparences. Je ne supporterais pas qu’il te fasse du mal. Même si je sais que je ne te ferai pas changer d’idée… »

Brad lui rendit un grand sourire tranquillisant à son ami tandis qu’il le prenait par la carrure.

« T’inquiètes pas ! Je ne le laisserai jamais me faire le moindre mal. Ni personne d’autre. Je suis assez grand pour prendre soin de moi, tout de même ! »

Charles le serra plus fort contre lui, le corps frémissant malgré lui. Doucement, il repoussa une mèche rebelle devant les yeux de son ami.

« Fais pas attention à la crise qu’a piquée Fal’». C’est un bon gars, y’ était juste un peu défoncé. »

Les yeux de Brad grossirent.

Défoncé de quoi ? Pas de ce que je pense, toujours ?

Il le repoussa, paniqué. Charles, voyant la frayeur s’installer dans l’autre garçon, tenta de minimiser la situation et d’expliquer l’agissement de l’homme.

« Quoi ? T’as jamais remarqué qu’il saignait souvent du nez ? C’est un cocaïnomane, ce type… ou héroïnomane… ou les deux… je n’sais plus. Il n’est pas méchant, il n’a juste pas eut la vie facile et il connaît la gravité de ce qu’il fait. Pour rien au monde il ne ferait tomber quelqu’un dans la drogue comme il l’a fait. T’as rien à craindre. »

Les mots de Charles n’arrivèrent pas du tout à réconforter Brad. Les larmes revinrent dans ses belles perles céruléennes, il réclama : « J’veux m’en aller ! Je n’en peux plus, il me fout la trouille ! J’l’aime pas, moi, Falbo. »

Charles lui mit la main sur l’épaule, le comprenant très bien.

« J’viens vivre avec vous, ça sera moins pire pour toi. On va voir combien on peut gagner, toi et moi, dans un mois. Si c’est assez suffisant pour prendre un appart» à deux, on va s’enfuir, ça te va ? »

Brad retrouva sa mine joyeuse et se mit à danser de joie. Charles le regarda tristement, sachant trop bien que Falbo ne les laisserait pas filer aussi facilement. En silence, il pria pour que Brad n’ait pas trop à souffrir de cette vie de misère, qu’il réussisse à s’en sortir. Charles regrettait tellement d’avoir amené son ami dans un tel monde. Le plus vieux finit par rejoindre le joyeux dans sa danse, pour s’égayer le cœur, mais n’y parvint pas, trouvant le destin trop cruel.

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