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Bad Boys
9 août 2006

Chapitre 6 : Opposition

« J’suis de retour ! », cria Brad en entrant au trou. Il avait un énorme sourire plaqué au visage et les bras chargés de sacs, tous remplis de vêtements. L’adolescent se laissa glisser sur son sleeping bag et sortit une peluche d’un d’entre eux. Doucement, il aspergea l’ourson d’un jet de parfum avant de le serrer contre son cœur, rêveur, absent de la réalité. Falbo, un peu surpris de son air radieux, vint le voir.

« Ouais, on dirait qu’ça va bien ici. »

Brad roula des yeux, qui devenus soudainement très brillants, et dit, d’une voix lointaine : « Ouaaaaiiiissss! »

Falbo comprit pourquoi en le voyant agir, faisant des câlins fervents au petit nounours. Cependant, il reprit vite son expression habituelle et sévère en demandant froidement : « J’espère qu’c’est pas ton client qui t’as mis dans cet état. »

Brad eut l’impression de sortir de manière précipitée de son rêve, de retomber de son nuage d’un coup en jetant un coup d’oeil à Falbo qui le fixait avec une certaine arrogance. Brad, honteux, se cacha dans son sleeping bag en niant : « Non… »

Falbo remarqua tout de suite le mensonge et quelque peu fâché, il sortit Brad, par le collet, du sac de couchage pour le forcer à le regarder dans les yeux. Le jeune n’avait jamais eu aussi peur de son protecteur, qu’il en tremblait de peur.

Puis il le gifla fortement en s’exclamant : « Idiot !! Il ne faut jamais s’amouracher des clients !! Non, mais, faut tout te dire, toi, me semble que c’est évident ! Qu’est-ce que vous avez fait ?! »

« Rien… on l’a seulement fait une fois, assura faiblement Brad. Il m’a payé, et on est allé au magasin parce-que j’avais besoin de vêtements. Rien d’autre… J’te jure qu’on a juste fait ça ! »

Falbo fut encore plus enragé dans son sermon : « Tu es fou, criss !! Tabarnark, on ne les connaît pas ces clients-là, faut être prudent avec eux !! Tu fais ta job et tu pars. Ce n’est pas compliqué, innocent ! »

« Mais… y’ était si gentil et galant, lui… »

« Raison de plus pour te méfier, maudit cave. En plus, Flavien il n’est pas comme ça pour vrai. Il est super correct au début et, quand la confiance est installée, il veut des passe-droits pour payer moins cher, des pratiques sexuelles vraiment dégueulasses… »

Brad s’étonna de ce qui lui dit, ne pouvant pas le croire. Il le coupa : « Pratiques dégueulasses ? »

« Ouais, comme uro, nutello… »

« Nutello ? »

« Ouais, s’enduire de nutella et baiser de même. Y a pas honte de souiller cette substance pure ! »

Il fut horrifié par cette vision, ne pouvant pas s’imaginer qu’il était comme ça. Falbo rajouta :

« En plus, il a le fétichisme des coudes. Y aime les mordre, les pincer pis il n’est pas capable de bander sans en voir un nu »

Traumatisme général chez le jeune garçon.

« Écoute, c’est pour te protéger que je dis ça… »

Brad refoula ses larmes quand l’autre joue fut atteinte par la main farouche de Falbo. À ce moment, Charles entra. Voyant la scène, il saisit la main de Falbo avec poigne pour l’avertir : « Criss, t’es cave, toi ! Laisse-le tranquille ! Si tu recommences à lui faire mal, j’vais t’fendre la tête, ok ?! »

Falbo répliqua pour se défendre : « J’essaie de lui ouvrir les yeux ! Il s’amourachait d’un client, figure toi ! »

Charles resta de glace.

« Et puis? Fous-lui la paix, merde. Il va faire ses propres erreurs et apprendre d’elles. »

Falbo tenta de se calmer, vainement et envoya un regard noir aux deux gars : « J’savais donc que j’aurais jamais dû accepter que vous viviez ici avec moi. Vous êtes pires que des enfants ! »

Falbo ramassa son manteau puis sortit, en colère. Charles vint enlacer le jeune, qui pleurait alors, pour le rassurer : « Écoute-le pas… yé jaloux… »

Brad éclata en sanglots. Il demanda, désemparé :

« Charles… Pourquoi j’pleure pour Flavien?! »

« Parce que, tu le trouvais de ton goût… »

Brad fut excessivement troublé, tremblant fortement. Charles le prit dans ses bras avant que son ami avoue :

« J’veux pas l’être… j’veux pas être gay… »

« Ce n’est pas un drame… moi, je suis bien bi et ça ne change rien à ma vie comme tel! »

Brad ne répondit pas, nichant seulement sa tête sur l’épaule de l’autre. Ce dernier lui sourit : « Raconte-moi… Était-il gentil et doux? Il était si génial que ça ? »

Brad essuya ses yeux du revers de la main et fit un très grand sourire à son ami. En pensant à Flavien, Brad devenait rayonnant de bonheur et semblait un million de fois plus beau. Ses yeux s’illuminaient pensivement et son teint blême devenait plus rosé. Une vraie métamorphose !

« Oh Charles, si tu savais comment il peut être beau et serviable. Jamais personne ne m’a fait autant d’effet que… il est… si doux… il sent si bon… j’aime tellement tout de lui. Il me rend si heureux… Voyons… Charles ? Pleures-tu ? »

« Ne-Non!... juste une graine dans l’œil… »

Il utilisa cette excuse stupide et passa la manche de son chandail près de ses yeux rougis, soudainement gêné d’avoir versé une larme. Il lui sourit tristement, poursuivant : « Je te crois… mais ne te fies pas trop aux apparences. Je ne supporterais pas qu’il te fasse du mal. Même si je sais que je ne te ferai pas changer d’idée… »

Brad lui rendit un grand sourire tranquillisant à son ami tandis qu’il le prenait par la carrure.

« T’inquiètes pas ! Je ne le laisserai jamais me faire le moindre mal. Ni personne d’autre. Je suis assez grand pour prendre soin de moi, tout de même ! »

Charles le serra plus fort contre lui, le corps frémissant malgré lui. Doucement, il repoussa une mèche rebelle devant les yeux de son ami.

« Fais pas attention à la crise qu’a piquée Fal’». C’est un bon gars, y’ était juste un peu défoncé. »

Les yeux de Brad grossirent.

Défoncé de quoi ? Pas de ce que je pense, toujours ?

Il le repoussa, paniqué. Charles, voyant la frayeur s’installer dans l’autre garçon, tenta de minimiser la situation et d’expliquer l’agissement de l’homme.

« Quoi ? T’as jamais remarqué qu’il saignait souvent du nez ? C’est un cocaïnomane, ce type… ou héroïnomane… ou les deux… je n’sais plus. Il n’est pas méchant, il n’a juste pas eut la vie facile et il connaît la gravité de ce qu’il fait. Pour rien au monde il ne ferait tomber quelqu’un dans la drogue comme il l’a fait. T’as rien à craindre. »

Les mots de Charles n’arrivèrent pas du tout à réconforter Brad. Les larmes revinrent dans ses belles perles céruléennes, il réclama : « J’veux m’en aller ! Je n’en peux plus, il me fout la trouille ! J’l’aime pas, moi, Falbo. »

Charles lui mit la main sur l’épaule, le comprenant très bien.

« J’viens vivre avec vous, ça sera moins pire pour toi. On va voir combien on peut gagner, toi et moi, dans un mois. Si c’est assez suffisant pour prendre un appart» à deux, on va s’enfuir, ça te va ? »

Brad retrouva sa mine joyeuse et se mit à danser de joie. Charles le regarda tristement, sachant trop bien que Falbo ne les laisserait pas filer aussi facilement. En silence, il pria pour que Brad n’ait pas trop à souffrir de cette vie de misère, qu’il réussisse à s’en sortir. Charles regrettait tellement d’avoir amené son ami dans un tel monde. Le plus vieux finit par rejoindre le joyeux dans sa danse, pour s’égayer le cœur, mais n’y parvint pas, trouvant le destin trop cruel.

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